Après moults albums dans une veine assez portée par les guitares ravageuses, Journey est contacté pour se soumettre à l’essai de composer et d’enregistrer une musique de film, en l’occurrence d’origine japonaise, réalisé par Kenzo, et qui porte le titre "Dream After Dream". Reconnaissons que ce long métrage n’a pas forcément marqué de son empreinte le monde cinématographique mais il fallait le préciser.
C’est donc bien loin des sentiers battus où se délecte d’habitude Journey que nous retrouvons le groupe puisque c’est au milieu de longues phases symphoniques bercées par des tendances philarmoniques (Snow Theme, Moon Theme) où seul un titre (Little Girl aussi présent sur "Time3") est réellement chanté. Ailleurs, la voix de Steve Perry –toujours aussi performante- intervient de manière plus éparse notamment sur Destiny et Sand Castles, le reste des compositions étant purement instrumental. Dans cette dernière catégorie il est nécessaire de noter le très beau When The Love Has Gone qui se résume à un (presque) unique monologue de guitare pour un très grand moment du niveau de Ice de Camel.
Neal Schon gratte toujours à merveille et prouve qu’il est capable de passer des émotions autrement qu’en balançant de bon gros riffs. Sur Destiny, les percussions de Steve Smith couplées aux harmonies vocales de Perry sont lourdes et terrifiantes, le final est doté d’un solo de 6 cordes particulièrement bien senti. De nombreux soli sont d'ailleurs disséminés ici et là donnant à ces occasions des coups de butoirs salvateurs.
Que dire sinon que les habitués des envolées puissantes et durables du groupe resteront à quai et que ce disque ne pourra sûrement intéresser que les fans pur et dur du combo ? Les autres n’y verront que peu de raisons de se pencher sur cette galette résolument en marge de la discographie du groupe. Reste la curiosité de la chose et force est de reconnaître que la surprise est à la hauteur.