Gravé entre 1998 et 2001, Of Stone, Wind And Pillor marque la fin d'un chapitre, le premier, dans la carrière d'Agalloch. Mettant un terme à deux années de silence, qui ont vu Shane Breyer le quitter, il ferme la période la plus Black-Metal du groupe américain avant qu'il ne commence à entamer sa mue avec The Mantle quelques mois plus tard, en même temps qu'il offre de ses auteurs, un visage aux traits néo-classiques qu'on ne leur connaissait pas mais que l'on pouvait deviner derrière les influences Dark-Folk d'une musique délicate dans sa noirceur. La référence à Henry David Thoreau (la citation figurant dans le livret) et à Gustave Doré (auteur du visuel) participent par ailleurs de cette inspiration.
Of Stone Wind And Pillor est un EP d'une trentaine de minutes dont les trois premières pistes correspondent en réalité au précédent 7' de 1998 demeuré inédit. Exception faite de son titre éponyme, dans la continuité de Pale Folklore et dernier vestige d'un passé extrême avec lequel Agalloch parait de plus en plus désireux de vouloir rompre, ce qu'il ne réalisera jamais totalement, il livre deux respirations instrumentales, la première, "Foliorum Viridium" aux accents ambient et néo-classiques, la seconde, "Haunting Birds", d'une sécheresse acoustique émotionnelle, qui annoncent la poétique beauté de Ashes Against The Grain (2006).
Enregistrés entre 2000 et 2001, "Kneel To The Cross", sombre reprise de Sol Invictus, figure tutélaire de la chapelle néo-folk, grave et puissante, et le long "Poem By Yeats", sur lequel plane l'ombre écrasante de Peter Bjärgö (Sophia, Arcana) complètent un menu intéressant, premier des cinq (à ce jour) EP enfantés par les Américains qui trouvent à chaque fois dans ce format injustement sous estimé, le terreau propice à l'expérimentation (The Grey) et à la pause (The White) entre deux albums, objets à la marge que l'on ne saurait ignorer de la part d'un groupe soignant chacune de ses créations. Une pièce essentielle pour ses admirateurs toujours plus nombreux.