Une fois n'est pas coutume, un label plutôt orienté vers le rock progressif signe un projet de musique électronique. Genre Peak est le bébé du claviériste et percussionniste américain Martin Birke, un vétéran qui a démarré comme batteur vers la fin des années 80 avant de se mettre aux programmations de percussion, synthés et autres échantillonneurs. Curieusement, après seulement deux albums, et le départ des deux collègues avec qui il avait initialement formé Genre Peak, Birke décide de sortir une compilation ! Celle-ci comporte quand-même des versions remixées et deux inédits, enregistrés avec la participation du chanteur Percy Howard, avec qui il a aussi formé un duo de trip-hop, Hardboiled Wonderland. Les arrangements sont dominés par des synthés orchestraux et planants ou plus artificiels, un timbre de piano cristallin, des percussions programmées, une basse parfois bien réelle (un morceau avec le regretté ex-bassiste de Japan, Mick Karn) et un peu de guitares aux sonorités claires et éthérées.
Howard possède un timbre clair, medium ou assez grave, rappelant à l'occasion David Bowie par ses intonations un peu dramatiques. D'autre part, la chanteuse Tara C. Taylor, au registre assez large est néanmoins moins marquante et enfin, on entend le chant de Birke lui-même, assez clair mais pas transcendant. "Redux" comporte également quelques instrumentaux de styles différents, comme "Rama" avec son atmosphère sombre, empreinte d'une sorte de menace latente, qui rappelle légèrement certains titres de Peter Gabriel, avec ce mélange de synthés vaporeux et de percussions aux timbres acoustiques et électroniques mélangés. "Words Surround Us" est un titre mystérieux, fortement électronique, avec les violons envoutant de Benito Cortez et des synthés planants et froids, qui rappelle quelque peu ce que pouvait faire Steven Wilson avec Tim Bowness dans No-Man aux débuts du groupe. On retrouve ce style sur quelques autres morceaux tels que "Blue Filter" et le long "Point Of No Return". Par contre, "Hell On The Surface", entièrement électronique et lourdement chargé en rythmes, est plus proche d'une certaine forme de techno/trance.
Si les timbres de claviers orchestraux ou plus abstraits sont souvent superbes, Birke semble affectionner les sons de batterie artificiels, secs et claquants, dont l'album est parsemé. Affaire de goût certes, mais de tels sons étaient déjà accessibles il y a très longtemps. Ils sonnent datés et sont surtout peu esthétiques. C'est assez vite lassant. Heureusement, notre homme propose aussi des morceaux plus planants, avec de belles sonorités de piano et des percussions plus subtiles comme sur "Absence", l'instrumental qui suit le mystérieux "Rama". L'attention a du mal à se maintenir de nouveau avec le minimaliste mais peu mélodique "Microsphere 13" avec ses sonorités brumeuses et ses ponctuations électroniques qui se développent un peu au hasard (notons que Birke a aussi un autre projet intitulé Microsphere !).
Bref, "Redux" est un disque inégal. Il y a des qualités évidentes : de belles sonorités à l'occasion, un certain souci d'expérimentation sonore, des ambiances mélancoliques ou dramatiques prenantes sur quelques bonnes chansons interprétées par des vocalistes compétents (surtout Percy Howard). Ceci étant dit, Genre Peak souffre de limitations finalement assez fréquentes dans le monde de la musique électro notamment un manque de variations à l'intérieur des morceaux. Les arrangements sont parfois un peu secs, le contraste n'est pas évident entre des voix chaudes et des claviers et rythmes électroniques bien froids, sans oublier les sons de batterie programmée avec cette caisse claire creuse ou métallique qui ne le sont pas moins. A suivre quand même...