A l'instar du septième art qui ne cesse de (re)découvrir tout un pan de sa petite histoire, celle des bandes d'exploitation et plus précisément du film d'horreur de série B voire carrément Z, on ne compte plus aujourd'hui les groupes pour lesquels ce cinéma-bis est une influence essentielle. C'est bien entendu au sein de la chapelle Doom, qu'il soit classique (Cathedral), True (Reverend Bizarre), (oc)culte (Paul Chain) ou Death (Hooded Menace) que ce tribut s'avère le plus marqué. Souvent simple source d'inspiration textuelle ou visuelle, certains musiciens poussent le vice à faire de cette référence aux pellicules sanguinolentes, anglaises (la Hammer) ou italiennes (Argento, Bava, les giallo...), un but en soi, manière de rendre en même temps un hommage aux bandes-sons qui les accompagnaient.
Blizaro fait partie de ceux-ci et notamment son (presque) unique membre - l'homme n'est certes pas tout seul, mais c'est tout comme en fait -, John Gallo, avant tout connu comme guitariste des 'Doomeux' d'Orodruin. Grâce à plusieurs efforts plus ou moins sérieux et confidentiels, puis à un petit (par la taille) split partagé avec Orne, nous étions nombreux à attendre avec impatience la première offrande longue durée du projet. Hébergé chez Razorback Recordings, label où la majorité des hordes de retro Doom/Death macèrent, City Of The Living Nightmare va au bout de son concept : titre qui fleure bon le cannibal-movie, un agrégat de pistes instrumentales plus ("Castle Of Darkness") ou moins ("Violet Cosmos") courtes lui conférant des airs de BO, une reprise obligée des Goblin avec le "Suspiria Theme". Ca ne s'invente pas.
Exercice de style, ce galop d'essai a les défauts de ses qualités en cela qu'il est davantage à prendre comme le score d'un film d'horreur que comme un simple disque de Rock. Du coup, même si Blizaro maîtrise clairement son sujet qu'il lutine avec respect et sincérité, on finit toutefois un peu par décrocher en milieu de parcours, après un pourtant excellent début, animé par le long morceau éponyme qui, en huit minutes, se suffit presque à lui même, brassant les thèmes et les influences, "In The Basement Of St. Jerome's", beau comme un chat qui dort ou encore le 'sabbathien' "Midnight Lurkers", où Gallo singe à s'y méprendre le Ozzy de la grande époque. Dommage d'ailleurs, que l'Américain n'insiste pas plus sur ce registre Doom qui lui sied à merveille.
Album trop long, pour trois quart instrumental, City Of The Living Nightmare n'est donc qu'à demi réussi, où les fulgurances chevauchent de relatifs temps morts. Un bon disque au demeurant, auquel on préfèrera néanmoins l'opus suivant, en fait un split avec Wooden Stake, dont sa participation sous la forme de trois morceaux, permettra à Blizaro de peaufiner un style sans doute parvenu à maturité.