Il existe une école Dan Swanö. Non seulement bien entendu en matière de Death-Metal, genre qu’il a pris plaisir à triturer dans toutes les directions possibles (mélodique avec Edge Of Sanity, orthodoxe avec Bloodbath, brutale avec Infestdead, progressive sous son propre nom ou carrément cinglée avec Pan.Thy.Monium et Karaboudjan) mais aussi en terme de Hard-Rock mélodique et progressif grâce à Nightingale, son jardin secret et versant éclairé de son immense talent. S’il a toujours multiplié les projets comme d’autres les pains, il en va de même des multiples collaborations pour d’autres artistes qu’il n’a cessées d’additionner depuis ses débuts.
Ainsi, il n’est pas, à l’instar de Demiurg dans un autre genre, le cerveau de Another Life, pour lequel il se contente (ou plutôt se contentait car il a depuis quitté le navire) de tenir les claviers ainsi que du mixage et du mastering et autrefois la guitare. Non, Another Life est le navire de son ami Andreas Carlsson, guitariste chez Ribspreader et Paganizer.
Pourtant, Memories From Nothing aurait été signé par Dan Swanö que cela n’aurait rien eu de surprenant. Depuis la voix chaude et profonde de Carlsson jusqu’à cet amour pour les mélodies accrocheuses et élégantes, sans oublier cette façon de mourir avec un titre épique ("Poltava"), tout dans cet album transpire le gourou suédois au point de pouvoir presque passer pour la nouvelle cuvée de Nightingale, comme l’illustrent les superbes "Falling Apart", "The End Of Days", "The Everflow", ou bien encore l’enlevé "Everlasting". On y croise donc ce Hard-Rock puissant, gentiment mélancolique ("Firstborn Unicorn", "Cotton Pines"), mâtiné d’une louche de progressif américain (trop) propre sur lui, celui des Kansas et autre Styx ("I Am Nothing"), voire aussi du Rainbow des années 80 quand le groupe de Ritchie Blackmore se teintait d’influences AOR.
Vu le palmarès de ses géniteurs, Memories From Nothing est forcément bien fait, très bien fait même, et devrait donc ravir les amateurs du genre auxquels nous conseillons l’édition limitée qui renferme un second disque comprenant les démos du groupe - Another Life de 2003 ("Concealed By Fright", "Reflections", "Cotton Pines") et Melancholia de 2004 ("Lifetime", "Time", "Standing Pale") et des inédits acoustiques ("Empire", "Tree Of Existence").
Verdict : neuf compos (sans les bonus) et rien à jeter. Sans doute pas un chef-d’œuvre, mais un album de très bonne facture, collection d’excellentes chansons toutes pourvues d’un refrain imparable, d’une mélodie qui s’accroche à votre mémoire comme une moule à un rocher, quand bien même Another Life gagnera certainement à s’émanciper à l’avenir de l’influence tutélaire de son père spirituel pour pouvoir s’enrichir d’une identité plus affirmée. Mais en l’état, on tient déjà là un très bon groupe, dont nous sommes depuis, malheureusement, sans nouvelles.