Venu des antipodes, Be'lakor fut en 2009 et nonosbtant un premier méfait, The Frail Tide, déjà prometteur, une des découvertes majeures alors livrées par le Death Metal. Avec Stone's Reach, les Australiens parvenaient à synthétiser puissance et mélodie, pureté du trait et noirceur du ton. Dire qu'on attendait depuis leur retour tient de l'euphémisme et ce, d'autant qu'il leur aura fallu trois bonnes années pour digérer ce succès artistique et finalement lui offrir un descendant qui en soit digne voire mieux, qui lui soit supérieur.
Durant ce lapse de temps, le groupe n'a en tout cas perdu son savoir-faire en terme d'ouverture d'album, comme le prouvent les 8 minutes pendant lesquelles "Abeyance" galope. Comme il l'avait donc fait avec le gigantesque "Venator" sur l'opus précédent, il ferre l'auditeur d'entrée de jeu avec un titre épique du feu de dieu qui condense une signature attachante qu'irrigue une évidente influence suédoise, puisant autout dans l'école de Göteborg pour le primat de la mélodie que dans celle initiée par la famille Dan Swanö (Katatonia, Opeth) pour le chant caverneux de George Kosmas et cette mélancolie qui fait parfois plus qu'affleurer à la surface.
Comment résister également à l'intro aussi démentielle que douloureusement belle ouvrant "Remnant", lequel déboule dans la foulée ? Et que dire de l'envolée sombre et dramatique qui enveloppe "Absit Omen", composition qui draine des riffs limpides beaux à en pleurer, autre marque de fabrique de Be'lakor. En parcourant Of Breath And Bone, on comprend pourquoi celui-ci a dû prendre son temps. Bien qu'immédiats dans leur manière de s'accrocher à la mémoire, ces titres, lesquels ne descendent jamais en dessous de la barre des six minutes au garrot (exception faite de l'intermède acoustique "To Stir The Sea", pause voilée de désespoir), ont la précision d'un travail d'horloger.
En dépit de leur durée, ils restent construits sur des tubulures d'une grande fluidité. Les parties s'enchaînent, sans heurts ni maladresse, imposant chez l'auditeur une impression d'une trame qui coule toute seule. C'est la grande force des Australiens, batisseur d'un Death Metal épique qui réussit l'équilibre pourtant peu aisé à atteindre entre technique et émotion, densité et harmonie.
Si l'enchainement de "In Parting", "The Dream And The Waking" et "By Moon And Star", soit près de 30 minutes à eux trois, rend la seconde partie de l'écoute plus difficile, le fait est que Of Breath And Bone confirme l'immense potentiel de ses géniteurs dont on voit mal ce qui pourrait les empêcher de s'imposer plus encore. Gageons qu'à l'avenir Be'lakor, à l'instar de son compagnon d'écurie, De Profundis puisse prétendre à accéder à la première division... Il le mérite et c'est là tout ce qu'on lui souhaite...