Mais jusqu'où ira Alica Mertz ? Jusqu'où son talent nous entrainera-t-il ? Encore sous le choc émotionnel qu'ont laissé dans notre mémoire les ondes libérées par le diptyque Highwaymen In Midnight Masks et Winter Lady et en attendant son nouveau projet intitulé Brother Sun, Sister Moon, la néo-zélandaise, dont on a l'impression qu'elle a toujours fait partie de notre vie alors qu'on ne l'a découverte qu'il y a peu, revient déjà nous rendre visite avec son spleen lunineux et coutumier.
Mais cette fois-ci, elle n'est pas seule puisqu'elle s'est associée à I've Lost, projet Ambient du dénommé Bonny Jones. Uniquement vendu sous des formats nostalgiques (vinyle et cassette) ou plus moderne (digital) via Heat Death Records et Cooper Cult, par ailleurs le propre label de la jeune femme, l'album, bâti autour de trois plaintes, est autant un split (chacun des deux protagonistes étant l'auteur de l'une des trois) qu'une collaboration, qu'incarne la longue piste éponyme, fruit de leur union.
A l'image de son visuel à la fois (faussement) solaire et diaphane, I Was All You Are est une oeuvre intim(ist)e qui confine à l'introspection, au receuillement. Le titre qui lui donne son nom dénote un sens des ambiances désenchantées absolument magnifiques. Le chant velouté, presque insaisissable d'Alicia nappe d'un voile mélancolique les notes pointilistes posées par Bobby Jones, tout d'abord Ambient, puis peu à peu fantomatiques et sonnant comme un lointain Harmonium mais toujours minimalistes. Ces 14 minutes d'une douloureuse beauté meurent tout doucement en un fondu evanescent et hanté.
A elles seules - soit la moitié de l'écoute -, elles justifient l'aquisition de ce split qui se poursuit ensuite avec "Never Said Goobye" où I've Lost peint un pastel de couleurs délavées, épuré et tragique dans son atmosphère tranquille. Enfin, "Bullrush In The Sun" est une pièce typique du style que développe Birds Of Passage, avec ses teintes squelettiques en arrière plan et cette voix plus proche du murmure atone que du chant à proprement parler. Et toujours cette capacité à en dire beaucoup avec extrêmement peu.
Si elle peut donner l'impression de se répéter, encore que ce dernier morceaux l'infirme avec sa seconde partie quasi funéraire où un mur blanc s'érige peu à peu, la belle parvient toujours à envoûter en conservant son charme désespéré intact. Il s'agit peut-être là de sa plus belle offrande...