Près de 10 années se sont écoulées entre la dernière production de Citizen Cain, trio formé autour du chanteur-bassiste Cyrus, auteur de quatre albums remarqués mais rapidement oubliés dans les années 90, et cette nouvelle galette intitulée Skies Darken.
Pour ceux qui ne seraient pas familiers de l'univers du groupe, une référence va rapidement s'imposer à leurs oreilles, tant la voix de Cyrus évoque celle de l'ange Gabriel dans sa période genesienne dorée. De Genesis, le groupe hérite donc de sa sonorité vocale, mais également de nombreuses parties centrées tantôt sur le piano, tantôt sur des arpèges de guitare rappelant là-encore Steve Hackett. Tout en haut de la pyramide, The Hunting Of Johnny Eue / Trapped By Candlelight rend un hommage plus qu'appuyé au groupe mythique, tandis que de nombreuses parties auraient trouvé leur place sur The Lamb Lies Down on Broadway.
Pourtant, loin de cloner la version originale comme peut le faire The Watch, Citizen Cain prend un malin plaisir à complexifier sa musique, au risque parfois de désorienter l'auditeur peu habitué à de telle circonvolutions. En effet, si de nombreux passages se révèlent plutôt faciles d'accès, d'autres s'avèrent plutôt compliqués à digérer tant les digressions sonores, aussi bien harmoniques que mélodiques en rendent l'écoute difficile, pour ne pas dire éprouvante.
Le groupe retombe en général rapidement sur ses bases "genesiennes", mais ces parties nécessiteront tout de même un peu d'acclimatation avant de se laisser apprivoiser, d'autant que le groupe profite de ces passages tumultueux pour faire l'étalage complet de sa technique, au risque de laisser quelque peu l'émotion de côté. On retrouvera néanmoins cette dernière dans des chœurs d'opéra majestueux, venant conclure The Long Sleep, autre titre epic formidable.
Autre élément perturbateur, la présence de parties à forte connotation métallique, chose inédite jusqu'alors dans la musique du groupe. Malgré une basse claquante mise délibérément en avant, celles-ci s'avèrent bien intégrées, notamment dans la plage d'ouverture (The Charnal House).
Album long et parfois compliqué à appréhender, Skies Darken dévoilera tous ses atours au fil d'écoutes répétées, à condition que celui qui en recevra l'offrande accepte de décrocher quelque peu de ses standards auditifs habituels. A ce prix, il se rendra compte de la qualité de cet album, sans conteste ce que Citizen Cain a produit de meilleur depuis ses débuts. De quoi accéder probablement à une audience et une renommée au sein du microcosme progressif plus en rapport avec son talent dévoilé tout du long de ces 70 minutes.