Lorsque l’on possède un chanteur charismatique dans ses rangs, il est rarement facile de le remplacer. C’est pourtant l’épreuve que doit affronter Great White après avoir remercié Jack Russell pour des raisons qui vont finalement se juger devant un tribunal. Si tant est que la voix du grand blanc depuis ses débuts soit remplaçable, Terry Ilous (XYZ) semble être un choix judicieux pour lui succéder derrière le micro, à condition que le nouvel opus soit à la hauteur du défi qui l’attend. Mais tout le monde n’a pas la chance de participer à un monument du Rock, comme "Back In Black" pu l’être pour l’arrivée de Brian Johnson dans les rangs d’AC/DC.
Si "Elation" est loin d’être un mauvais album, il y a peu de chance pour qu’il trône au sommet de la discographie de Great White dans les prochaines années. En effet, Terry Ilous n’est pas un nouveau venu sur le circuit et il a déjà une personnalité très marquée. Du coup, "Elation" donne parfois l’impression de ne pas trop savoir où se situer entre le chemin parcouru par Great White depuis ses débuts pour en arriver à son Hard-Blues-Rock si typique, et la musique plus Heavy pratiquée par Ilous au sein de son XYZ ("Lowdown"), se retrouvant même dans l’ombre de Koritni à l’occasion du puissant et accrocheur "Feelin’ So Much Better" ou du groovy "Resolution". Basculant parfois avec succès vers des riffs basiques à la AC/DC ("Heart Of A Man"), ou sombrant dans des mid-tempi sans réelle saveur ("Promise Land"), le quintet US semble encore à la recherche d’un nouvel équilibre.
Rien de catastrophique cependant car Kendall et Lardie sont toujours capables de nous pondre quelques titres à l’enthousiasme communicatif comme l’introductif "(I’ve Got) Something For You" et ses irrésistibles One Two Three Four scandés par Ilous, le Hard-Rock’n’Roll "Shotgun Willie’s" catchy en diable, ou l’entrainant "Complicated" avec son classique piano bastringue, sans oublier la face envoutante et bluesy qui a fait la réputation de Great White ("Love Train"). Enfin, côté douceurs, la classique ballade semi-acoustique "Hard To Say Goodbye" fricote avec les Black Crowes, gorgée de feeling et illuminée d’un superbe solo, alors que "Love Is Enough" nous entraine dans un mid-tempo atmosphérique agréable et représentant une des rares prises de risque de cet opus.
Album de transition par excellence, "Elation" n’échappera pas à l’inévitable guerre de clan entre les pros et les anti-Ilous ! Pourtant, la qualité du chant du Franco-Américain ne pourra pas être remise en cause. Par contre, elle ne trouvera pas un écrin imparable au milieu des hésitations du quintet quant à la voie à suivre pour la suite de ses aventures.