Le fait que Metamorphoses Of Ann' s'offre à vous par le biais de la collection Mandalia, vouée à la relaxation du label Prikosnovénie, ne doit surtout pas vous faire croire que l'on a seulement affaire à de la musique new age pour amateurs de yoga ! Certes, cette respiration apaisante a tout fait sa place dans cette collection, mais elle dépasse ce cadre par trop restrictif grâce au merveilleux touché d'Alizar, musicien russe, connu aussi pour son implication avec Ann’ Sannat.
On pourrait craindre le pire, penser qu’un album uniquement bercé par le son d’une harpe celtique serait ennuyeux sur la longueur, d’autant plus que qu’il se présente également vierge de chant. Pourtant, il n’en est rien. Bien au contraire, cet opus est un enchantement de tous les instants, invitation poétique à un voyage intérieur guidé par un sens de l’écriture précis. Metamorphoses Of Ann' possède la qualité rare de laver l’âme, de purifier. Il est une rêverie vaporeuse ("Last Fallen Leaf", "Out Of Time Fairytale"), belle souvent, pleine de justesse toujours. Si une certaine fébrilité perce parfois à travers le feuillage tissé par ces notes cristallines ("The Island", "Metamorphoses Of Ann‘"), la plupart de ces caresses évoquent le bruit paisible d’un ruisseau, à l’image de "Myth About Dumb Innkeeper".
Avec une classe folle, Alizbar démontre que la harpe n’est seulement un instrument secondaire mais qu'elle peut exister par elle-même. De fait, on ne ressent jamais l’absence de guitare ou de rythmique. La harpe a donc tout le loisir de remplir l’espace, jamais pollué, perturber par une présence inopportune. On prend toute la mesure du talent du personnage.
Son album est une ballade féérique charmante qui réussit avec bien peu à donner vie à des images remplies d’elfes, d’esprits de la forêt ("Dwarves’s Song In Hobbit’s Hole", "Waltz On The Branches"). En cela, il offre la possibilité de s’éloigner d’un quotidien morose sinon quelconque. Essayez et vous verrez : une fois le disque entamé, c’est une porte qui s’ouvre vers un monde magique et généreux, qu’aucune négativité ne vient jamais gangrener ni salir. Le blanc de la pureté et le vert d’une nature primaire sont les couleurs de ces compositions gracieuses, d’une fluidité superbe. Elles coulent tout doucement, sans heurts ("Clo‘s Dreams"). Une bien jolie découverte.