Si le stoner commence sérieusement à tourner en rond malgré encore quelques jouissives cartouches tirées de temps à autre, en revanche, son lointain cousin, le rock psyché, se porte bien. On ne compte plus en effet les babas cool se noyant dans ces volutes seventies plus que jamais à la mode car finalement intemporelles.
Autrefois berceau du krautrock, l'Allemagne apparait aujourd'hui comme l'épicentre de ce revival, théâtre d'une effervescence artistique qui nous ramène ainsi presque quarante ans en arrière. Basé à Munich, Electrohash Records est peu à peu devenu un de nos fournisseurs préférés dans le genre, que celui-ci soit enrichi au progressif (Hypnos 69), 100% instrumental (My Sleeping Karma) ou plus roots (Sungrazer). Au milieu de la dernière triple salve de la maison, coincé entre Ugh ! et surtout King Kronos dont le Soundzilla se révèle être un petit bijou de Rock graisseux, il y a The Machine qui nous gratifie déjà d'une nouvelle galette, un an à peine après le notable Drie.
Si les Hollandais ne sont pas les plus doués de leur génération, alignant avec un généreux plaisir tous les clichés du rock psychédélique moderne, à savoir lignes de basse épaisses, chant enfumé et guitare noyée sous les effets hallucinogènes et autre psychotrop, ils confirment à nouveau que le style n'est pas vraiment une question d'originalité mais plutôt de feeling. Et à ce niveau, le trio n'a de leçons à revoir de personne.
Du coup, Calmer Than You Are est fidèle à ce qu'on attend de ce type d'album, avec ses longues dérives instrumentales taillées pour la scène à l'image du périple "Sphere (... Or Kneiter)" qui, du haut de ses quasi treize minutes, ressemble à une piste de décollage vers les étoiles ou ces effluves arbisantes ("Moonward"). Contrairement à la plupart de ses compagnons de route, The Machine ne réduit pas son champ d'action aux seules échappées sentant bon la fumette et les pipes à eau. Les titres courts, plus foncièrement rock, ne sont pas non plus pour lui déplaire. De "Grain" à "Scooch" sans oublier "Repose", les exemples ne manquent pas au fil de ce disque plus proche de Solar Corona que de son direct prédécesseur. Il est d'ailleurs dommage que le programme s'achève sur deux d'entre eux.
Mais c'est toutefois bien lorsque les Bataves se lancent dans un trip cosmique qu'ils font véritablement mouche, larguant les amarres vers des paradis artificiels, avec toujours - et c'est ce qui contribue à nourrir la personnalité du groupe - cette accroche dynamique ("D.O.G."), loin des molles dérives que le (mauvais) rock psyché est parfois tenté de nous infliger. Sans être essentiel, Calmer Than You Are devrait sans probème séduire les afficionados du genre.