En 1994, la sortie du 5è album de Loreena Mc Kennitt marque un véritable tournant dans la carrière de l'artiste canadienne, en recherche perpétuelle de ses origines celtes et des différentes ramifications de cette culture. Nourrie de ses différents voyages en quête de spiritualité, non pas d'un point de vue cultuel mais à la recherche d'un sens à tout ce mysticisme, la musique de l'artiste enrichit sa coloration celtique originelle d'un métissage puisé aux sources du Moyen Orient et de ses ramifications historiques.
L'Andalousie, Saint Jacques de Compostelle, le Maroc ou encore les Cathares et l'Egypte s'invitent ainsi au patchwork musical proposé par The Mask And Mirror. Outre la profusion d'instruments arabo-andalous qui viennent se mélanger aux habituels "marqueurs" celtiques, ce sont les percussions qui portent la marque de fabrique d'une grande partie des huit compositions de cette production toutes plus soignées les unes que les autres.
The Mystic's Dream, ou encore le bien-nommé Marrakesh Night Market, portent ainsi le sceau de ce mélange des cultures. La voix en or de Loreena est alors portée par de multiples couches sonores qui toutes viennent se superposer au service d'une ambiance à la fois intemporelle et envoûtante. Et malgré une atmosphère générale propice au mysticisme et à la réflexion, notre artiste n'oublie pas de nous proposer son traditionnel morceau entraînant (Santiago), ritournelle celtique qui fera danser les plus réfractaires.
Et puisqu'il n'est pas de recherche digne de ce nom sans y associer la littérature, ce sont deux auteurs mythiques qui se retrouvent conviés au festin : les deux dernières plages de l'album empruntent ainsi leurs textes à Sir William Shakespeare et William Butler Yeats, pour deux titres à la mélancolie frissonnante. Une pure merveille.
Album réussi en tous points, The Mask And Mirror marque de manière indélébile le début de la seconde partie de carrière de Loreena Mc Kennitt. Un disque incontournable dans toute discothèque digne de ce nom.