On peut être une nouvelle venue et voir déjà son nom circuler dans le landerneau de l'ambient/Pop éthérée un peu branchouille. C'est le cas d'Alica Mertz qui, depuis deux ans, ne cesse de nous inonder les oreilles de sa semence intime avec son jardin secret, Birds Of Passage. Mais cela ne lui suffit pas, puisque Brother Sun, Sister Moon vient aujourd'hui compléter une discographie qui grandit à vu d'oeil.
On ne sait si ce projet est destiné à durer ou s'il ne s'agit que d'un one shot, comme on dit en bande dessinée. On ne sait non plus quelle est l'origine de ce montage musical qui unit la Néo-zélandaise au britannique Gareth Munday de Roof Light. Est-ce à l'initiative du label Denovali, terre d'accueil de la jeune femme ? Possible, d'autant plus que le Dale Cooper Quartet (de la même écurie) s'invite en fin de parcours de cet essai éponyme, par le biais d'un remix du titre final "South Downs By Morning".
Ce que l'on sait en revanche, est que l'on tient là encore une fois une gemme précieuse d'une beauté cristalline. S'il serait tentant de réduire Brother Sun, Sister Moon à la simple addition de la voix fantomatique d'Alicia et du bricolage electro/pop de Gareth, cette collaboration est en fait bien plus que cela, quand bien même le trippant "One Throws And One Pulls" pourrait corroborer l'impression première. Bien entendu, la brise vocale, presque impalpable de la belle, est bien là, qui emporte tout ("Cope", réverie bucolique qui donne envie de se coucher dans l'herbe en regardant le ciel bleu). On devine sa patte à travers la barrière de nuages de ce "Stand Under", squelettique et pourtant hypnotique. Comme on devine celle de l'Anglais sur le titre éponyme et ses grappes d'effets électroniques.
A une première partie, qui correspond plus ou moins à la face A du vinyle qui sert de base à cette chronique, plus evanescante, succède une seconde plus cotonneuse, plus expérimentale. Plus réussie peut-être, également, témoin ce "All You Need" teinté d'étrangeté. L'écoute meurt sur le murmure "South Downs By Morning", respiration spectrale assombrie par la présence, discrète mais significative, du Dale Cooper Quartet.
En définitive, l'album, trop court sans doute, ne souffre absolument pas de sa génèse dématérialisée à travers deux continents. Le duo est parvenu à fusionner leur identité pour aboutir à une oeuvre à part entière, cohérante et équilibrée.