Entre ce nouvel et douzième album, "Serpent Sermon" et le tout premier album "Dark Endless", 20 ans se sont écoulés pour le groupe suédois Marduk, soit deux décennies au service d'un black métal se voulant avant tout radical et violent. Violence qui a atteint son paroxysme en 1999 avec le provocateur "Panzer Division Marduk", chef-d'oeuvre de brutalité, qui est au black métal ce que "Reign In Blood" de Slayer est au thrash métal. Depuis cette date, Marduk a continué son chemin de croix sans jamais tenter de réitérer inutilement un semblable acte discographique.
Il est devenu très courant de lire que depuis l'arrivée en 2004 de Mortuus au chant en remplacement de Legio, Marduk a évolué musicalement. C'est un fait indéniable et cela est surtout avéré avec les albums "Rom 5:12" (2007) et encore plus avec "Wormwood" (2009). En effet sur ces deux précédents opus, Marduk avait nuancé son propos musical avec un certain nombre de compositions plus mid-tempo, voir très lentes. Le quator suédois avait ainsi donné naissance à deux albums aux athmosphères black métalliques plus poisseuses et poignantes qu'auparavant, bien aidé en cela par les qualités vocales de son chanteur Mortuus. Car, il est incontestable que la qualité du chant et la singularité de la voix de Mortuus ont apporté une aura satanique supplémentaire au black métal possédé du groupe suédois. Rien que son chant suffit à relever des compositions un peu moins percutantes que les autres comme sur "Gospel Of The Worm". Et il suffit également d'écouter un titre comme "Souls For Belial" pour se laisser convaincre des grandes qualités vocales de cet ex-Funeral Mist.
Avec ce nouvel album "Serpent Sermon", les Suédois reviennent à un black métal plus conforme et classique dans la forme et dans le fond, sans pour autant tomber dans un va-tout de conflagration blastique. Même si ce "Serpent Sermon" ne fait pas dans la dentelle, il faut quand même reconnaître que Marduk sait habilement varier son propos musical et peut très bien proposer des titres plus mid-tempo comme les très beaux "Temple Of Decay" et "M.A.M.M.O.N.". Moins linéaire qu'à ses débuts, Marduk propose depuis une décennie des albums très convaincants avec leur lot de titres accrocheurs et ce "Serpent Demon" n'en est pas dénué. Pour preuves, les deux titres d'ouverture "Serpent Sermon" et "Messianic Pestilence" avec leurs mélodies entêtantes ou le final "World Of Blades" tout en nuances rythmiques et symbole de ce que le black métal peut offrir de mieux sous ses multiples facettes.
Ce "Serpent Sermon" peut se percevoir comme un album de transition entre un "Wormwood" quelque peu expérimental et le Marduk plus conventionnel. Mais qui dit plus classique dans la forme ne signifie pas pour autant en panne d'inspiration. Certes, Marduk ne révolutionne pas le black métal mais joue tout simplement ce qu'on attend de lui, à savoir un black métal possédé, diablement incarné, percutant et accrocheur. Et les amateurs du groupe ne pourront que se réjouir de ce nouvel album plutôt enthousiasmant.