Malice... Voilà un groupe qui avait tout pour réussir dans les années 80. Produisant un heavy métal inspiré proche vocalement et musicalement de Judas Priest, ils ont partagé l’affiche de Metallica, W.A.S.P., copiné avec Megadeth, et leur deuxième album "Licence To Kill", à la pochette inoubliable était un vrai "permis de tuer". Peut-être la tournée européenne en première partie de Slayer où l’accueil du public fut franchement désastreux (erreur de casting) les dégoûtèrent ? Toujours est-il qu’ils disparurent de la circulation.
Tout en restant actifs dans le heavy metal, les différents membres se montrèrent ensuite relativement discret, le guitariste se retrouvant malgré tout au sein de Metal Church en 2004. Mais la reformation était dans l’air depuis quelques années, et les voilà de retour avec ce "New Breed Of Godz", un album "carte de visite" reprenant 4 titres de chacun des deux premiers albums et 4 titres nouvellement composés. Le tout est réenregistré avec un nouveau chanteur, le bourlingueur du Heavy Metal, James Rivera, ex-Helstar, Flotasm and Jetsam, Vicious Rumours et Seven Witches ... Même si la démarche des reprises peut se comprendre, vu les années écoulées, il est difficile d’aborder ce genre de galette sans a priori en raison du peu de créations nouvelles. Mais ne gâchons pas ces retrouvailles et dégustons ce petit apéritif de nouveautés.
Le titre d’entrée "New Breed of Godz" tente intelligemment la filiation avec le passé notamment "Godz Of Thunder", avec beaucoup de réussite. Un peu plus loin, le chanteur et les musiciens changent de registre pour nous livrer "Branded", un peu "Dame de Fer" mais un peu trop lourdingue aussi. Plus enlevé, "Slipping Through The Cracks" aligne de bons riffs et met en valeur la qualité du jeu de basse. Rivera y alterne les lignes de chant inquiétantes et plus aiguës. Le refrain veut faire office d’hymne, et à défaut de grande envolée, on y détecte beaucoup de bonne volonté. Enfin, Malice nous propose une longue ballade, à l'intensité bien développée mais qui ne révolutionnera pas le genre. Après 20 ans, c’est à la fois beaucoup et peu, insuffisant en tout cas pour juger de la capacité créatrice actuelle du combo.
Alors repenchons nous sur les titres réenregistrés. Meilleur son, meilleure production, belle puissance, il est amusant de comparer les deux versions. Rivera ne tente pas de copier le chant unique et un peu maniéré de James Neal (désormais converti au Bouddhisme). Mais par contre, il a un copinage certain avec Rob Halford de Judas Priest et il est curieux de constater la différence de ton entre les morceaux réenregistrés et les nouveaux titres, où il singe moins Rob Halford et garde sa personnalité. Pour le reste le choix des morceaux est bon, les interprétations sont très fidèles et démontrent le talent de composition éclatant de Malice à l'époque (commencez déjà par écouter "Sinister Double"), d'autant que des titres comme "License To Kill" sont restés sur le carreau.
Ce retour d’une des pointures du Metal US à sensibilité anglaise est très réjouissant, mais c’est typiquement le genre d’essai qui se doit d’être rapidement transformé par un nouvel album. Les gars semblent avoir la pêche alors patientons un peu !