Des Wahnsinns Fette Beute est le onzième album des Allemands de Oomph ! qui confirment avec cet opus leur propension à se diriger vers un registre de plus en plus mainstream et de plus en plus aseptisé.
"Bis Der Spiegel Zerbricht" est le premier exemple de ce triste constat en ne proposant qu'une version popisante et insipide de ce que peut faire Rammstein ou Depeche Mode tout comme "Die Geister Die Ich Rief" qui, malgré une construction correcte, se montre assez inutile, peu inspiré et donc peu inspirant. Voilà qui est fort dommage car au-delà de ces titres 'passe partout', l’album recèle de très bons morceaux que l’on pourrait cataloguer en deux groupes distincts.
Tout d’abord, des morceaux dansants et immédiats, "Zwei Schritte Vor", "Such Mich Find Mich", qui font la part belle aux rythmiques appuyées et aux refrains accrocheurs. L’efficacité est immédiate et on prend un réel plaisir à se laisser emporter dans ces maelstroms festifs. D’autre part, des morceaux qui lorgnent vers des ambiances un peu plus intimistes et qui, même si l’on n’atteint pas ici l’intensité émotionnelle qui se dégage des projets solo du leader de Depeche Mode, renvoient parfois aux albums "Counterfeit" de Martin L. Gore, comme c'est le cas de "Regen". Dans ces deux registres, Oomph ! se montre bien plus convaincant, et il s’en faut vraiment de très peu pour qu’il ne rafle la mise et notre adhésion par la même occasion.
Malheureuseument, deux éléments négatifs supplémentaires viennent gâcher quelque peu la fête. Dans un premier temps, c’est la densité de cet album qui pose problème. Celui-ci aurait clairement gagné à se voir délester de ses 4 à 5 titres les plus timides qui, au-delà du fait qu’ils n’apportent rien à l’ensemble, rendent le disque un peu indigeste. Mais c’est également la présence quasi-permanente d’un sentiment de 'déjà entendu' qui dérange. Le groupe semble avoir du mal à prendre des risques et à s’affranchir d’influences qui sont souvent trop prégnantes (Depeche Mode, Rolling Stones, Rammstein). A ce titre, "Kleinstadtboy", une relecture du "Smalltown Boy" de Bronski Beat, est une bonne illustration du problème. Si cet exemple est un peu caricatural, il est cependant symptomatique de cette tendance qu'à Oomph ! à butiner à tout va.
Au final, un disque un peu trop long et qui, malgré des qualités indéniables, pêche par excès de prudence. Dommage, car il ne manque vraiment pas grand-chose pour que l'on soit totalement convaincu...