Trois ans ont passé depuis “April Rain”, le second opus de Delain, et trois ans c’est long pour peu que vous ayez craqué sur les titres du précité. La faute a un gros label qui en absorbe un plus petit et qui se fait tirer l’oreille pour signer un contrat. Cependant, grâce à l’insistance du petit (Roadrunner) qui est parvenu à avoir son mot à dire, "We Are The Others" a pu voir le jour un an après qu’il eut fini d’être composé. Que les Dieux et Déesses du Hard-Rock le bénissent car, cette fois encore, la bande à Charlotte, la charmante et talentueuse frontwoman du combo, nous propose un opus gouleyant à souhait.
Malgré le départ de l’unique guitariste du groupe et du bassiste et l’arrivée de deux six-cordistes et d’un homme à la quatre-cordes en remplacement, Delain nous refait du Delain soit un Hard-Rock Symphonique hyper mélodieux, dans la veine d’un Within Temptation d’aujourd’hui. Tout au plus peut-on ressentir un assombrissement de l’ambiance et des propos, même si les mélodies restent catchy, peut être dû à l’évènement qui a guidé l’inspiration du groupe sur ce troisième volet, l’assassinat d’une jeune Gothique prise à partie par des prédateurs à qui son look ne revenait pas. Le titre de l’album est en son honneur.
Martijn Westerholt, l’ancien claviériste de Within Temptation, est toujours de la partie et la rousse Charlotte Wessels a débarrassé sa voix des quelques enluminures qui gommaient trop fréquemment ses talents indéniables. Contrairement à la majeure partie de ses consœurs, elle manie avec mesure les envolées lyriques haut perchées. Elle reste la plupart du temps concentrée sur un registre d’alto qu’elle maîtrise avec aisance en y imposant ses qualités de conteuse qui lui permettent de diffuser une palette d’émotions diversifiée. Vraiment, nous avons trouvé là une bien belle voix.
L’écoute de cet album nous laisse un sentiment d’unité, le choix du groupe de le penser ensemble lors des nombreuses tournées ayant fleuri après "April Rain", puis de l’enregistrer à l’unisson sans utiliser les approches modernes "individualistes" ayant cours aujourd’hui (chaque membre du combo travaillant dans son coin pour voir ensuite son travail inséré au milieu de celui des autres membres). Jacob Hellner a produit l’album et ses travaux avec Rammstein et Apocalyptica ont laissé quelques traces sur "We Are The Others" qui propose, ici et là, quelques sonorités de clavier 'industriellement Heavy'. Cependant, les teintes organiques de l’opus sont surtout celles d’un Hard-Rock symphonique, souvent en mid-tempo, épique, parfois saupoudré de Pop et mélodiquement galvanisant. Les ambiances sont, du coup, très prenantes, emphase et grandiloquence (dans le bon sens du terme) étant les lignes directrices des morceaux.
Les titres tubesques tombent comme à Gravelotte ("We Are The Others", "Generation Me", "Babylon", "Not Enough"…), les tonitruantes entrées en matière guitares/claviers sont des déferlantes ("Mother Machine", "Electicity", "Generation Me"…) et surtout, aucun morceau faible ne vient perturber ce bel ensemble. Tout au plus peut-on simplement regretter la grosse voix de Burton C. Bell de Fear Factory sur "Where Is The Blood" (sans faire de sectarisme, il aurait été préférable qu’il ne quitte pas les contrées des énervés du gosier).
Voilà donc une belle galette à découvrir et un groupe à suivre de près, notamment en live où l’énergie et la sincérité de ses membres leur a permis d’asseoir rapidement une notoriété qui ne cesse de grimper en flèche.