D’une corpulence supérieure à celle des mâles, ce sont les femelles qui dirigent et dominent les meutes de hyènes. S’il y a peu de chance pour que Michael Hannon souhaite voir cette analyse animalière s’appliquer aux relations hommes-femmes, il est cependant probable qu’il aura noté au passage que ces nouvelles amies carnivores sont également pourvues d’un clitoris surdimensionné, élément qui l’aura probablement décidé à en faire l’emblème de ce nouvel opus. En effet, si le line-up voit Michael Harris prendre la place d’un Keith Pickens ayant à nouveau quitté la batterie d’American Dog, la recette musicale du trio de l’Ohio n’a pas beaucoup évolué, toujours certifiée 100% Asskicking Rock’n’Roll, et traitant de sujets aussi profonds et variés que le sexe et alcool, avec un humour aussi gras que les riffs qui les propulsent.
Emmené par la voix éraillée de son leader et par l’injustement sous-estimé Steve Theado, chaque titre contient suffisamment d’huile pour pouvoir s’enflammer aisément à l’occasion de refrains hymniques ("The Real Nitty Gritty") ou de soli cinglants ("Off The Chain"). Les références restent toujours toujours à chercher du côté de Motörhead à l’occasion de Heavy-Rock speedés dont les riffs piétinent tout ce qui se présente sur leur passage ("Devil Dog"), mais également de Nashville Pussy quand les éléments punkisants prennent les commandes ("Splinterin’ Sally"), voire de Rose Tattoo quand Theado dégaine la slide à l’occasion d’efficaces mid-tempi ("Old Dog New Tricks").
Autres traditions toujours présentes chez American Dog, les titres humoristiques sont ici représentés par des Boogie-Rock, survitaminés à l’occasion de "Just Like Charlie Sheen", ou plus Hard-Rock et irrésistibles pour "Bathroom Romance" et son piano bastringue. Quant à la reprise, il s’agit ici du "Can Your Pussy Do The Dog" des Cramps qui vient clôturer cet opus en confirmant les influences punk du combo. Les seules réelles surprises se résument finalement à l’instrumental "2010 AD" sur lequel les guitares se font atmosphériques avant d’introduire un titre éponyme plus sombre que ce que le combo ricain a pour habitude de nous proposer.
"Poison Smile" ne dépaysera donc pas les amateurs d’American Dog mais il leur offrira une nouvelle dose de ce Hard-Rock punky, gras et destructeur, que le trio dégaine avec honnêteté et régularité depuis maintenant une douzaine d’année. Très bien produit mais sans véritable surprise, mais est-ce vraiment ce que l’on attend d’un tel groupe ?