Au début de sa carrière, il y a dix ans, Stump débarquait en plein marasme : les guitaristes virtuoses étaient cloués au pilori par la vague grunge. Avec une sorte d'imbécilité prétentieuse revendiquée, il s'est mis à aligner des albums interchangeables, dans un esprit de vénération pour Malmsteen et Blackmore.
Avec ce nouvel opus au titre toujours aussi ridicule, ce brave Joe nous prouve une fois de plus qu'il n'a pas dévié de sa ligne : totale dévotion à Malmsteen : même technique, même vitesse, même matériel, même background blackmorien, même obsession baroque... Et souvent même manque de feeling, de goût, et bien peu d'imagination. Les morceaux défilent les uns après les autres avec les mêmes plans néo-classiques à 400 à l'heure, qui sonnent parfois comme de l'imitation cheap du maître.
Les thèmes et mélodies manquant cruellement de personnalité, on a souvent l'impression d'assister à une séance de gym pour les doigts. Quant aux trames rythmiques, elles déclinent avec de très faibles variations les poncifs du genre. Pour aller vite, les premiers albums de Malmsteen, Macalpine et Vinnie Moore sont pillés, sans oublier la discographie complète de Rainbow.
Reste pourtant ce talent respectable pour jouer vite et propre, et des accompagnateurs irréprochables, qui confèrent à cet album un minimum de crédibilité. Et comme par hasard, devinez qui tient les claviers : un ex du magicien suédois... Comme si, à l'image de son héros, Joe Stump gâchait volontairement son talent à ne pas quitter les rails du manche de sa strato.
Avis aux amateurs (il en reste, c'est sûr !), Joe Stump se pique de pédagogie, puisqu'il a déjà édité un DVD de techniques de shredding, et qu'il menace d'en pondre deux autres. Pour gagner un peu sa vie, il épaule également Jack Starr (ex-Virgin Steele, groupe essentiel, il va de soi de la scène metal US).
Lion Music, en repêchant nombre d'artistes perdus dans les oubliettes, a du mérite. Mais faire voisiner des talents singuliers comme Faraz Anwar ou Chris Poland avec un chevelu largement sclérosé comme Stump, ça manque légèrement de cohérence...