Si la décennie couvrant la période 65-75 s'est avérée fertile en productions brassant psychédélisme, expérimentations ou encore musique électronique, et portant aux nues de nombreux groupes pour lesquels le succès fut plus ou moins éphémère, d'autres formations ont traversé ces années de façon totalement anonymes, s'évaporant de la mémoire collective. C'est le cas de Sand, groupe allemand issu d'un autre combo nommé Part Of Time, et n'ayant laissé comme seule trace discographique que Golem, paru en 1974. Trente-cinq années plus tard, le groupe – toujours dissous – choisit de publier pas moins de 5 albums, comportant du matériel composé à l'époque et jamais enregistré. Sylph Ballet est ainsi le quatrième opus publié dans ce cadre, sur le récent label français Rotorelief, spécialisé dans le 'soniquement étrange'.
A l'écoute des 38 minutes qui composent cet album, l'auditeur va s'asseoir dans le siège passager de la Doloreane, et se retrouver plongé dans un univers navigant entre le premier album du Floyd en version Syd Barrett, les premières productions de Tangerine Dream, le psychédélisme de Can ou encore les expérimentations de Pink Floyd, encore une fois, mais de tendance "Ummagumma – album studio".
Le menu peut sembler alléchant, mais hélas, le contenu de l'assiette s'avère très rapidement insipide. Musique d'un autre temps certes, mais les références en la matière sont encore tellement ancrées dans nos mémoires, que ces quelques plages sans génie aucun et sans direction précise ne font que surfer sur la mémoire d'une époque révolue, sans jamais parvenir à éveiller le moindre intérêt ni une quelconque émotion, le comble étant même atteint avec une reprise à l'ambiance crasseuse de la Lettre à Elise.
A l'écoute lancinante de ces neuf plages, on comprend mieux le pourquoi de leur mise au rancard à une époque où les grands du genre étaient déjà passés à autre chose. Au vu de leur piètre qualité, on comprend également mieux pourquoi ce groupe était tombé dans l'oubli...