Babis Kaisas, guitariste / bassiste Grec bénéficie d’une petite reconnaissance grâce au groupe Zandem dont il est l'un des membres fondateurs en compagnie de Alan Kelly (ex batteur de Shy). Pas de quoi grimper au rideau, mais suffisamment pour convaincre Tony Mills (ex Shy !, Siam, TNT, State Of Rock, Serpentine, etc…) de venir lui filer un coup de main sur son projet personnel, le batteur brésilien Acacio Carvalho ((Dark Avenger, Single Bullet Theory, Quester) venant compléter son équipe. S’il se charge également de la production de ce premier album intitulé "Unify", il a, là-aussi, réussi à embarquer Sheena Sear (Magnum, Diamond Head) derrière les manettes.
Officiant dans un Hard-Mélodique très ancré dans les années 80, Kaisas ne profite pas d’un paysage actuellement dégagé, et de ses prestigieux camarades de jeux, pour nous pondre un opus imparable, voire accrocheur au minimum, la faute à une production trop sèche et donnant la part belle aux aigus. Car c’est bien là que le bât blesse le plus : Tony Mills est connu pour ses envolées vocales qui, bien encadrées, peuvent apporter un côté aérien aux compositions qu’il interprète. C’était particulièrement le cas dans Shy, et TNT a également fini par utiliser ces capacités à bon escient. Malheureusement, dans le cadre d’une telle production, doublée d’une tendance à en faire des tonnes, elles rendent rapidement l’ensemble indigeste, d’autant que les accroches se font rares.
En dehors du dynamique "Chemistry" au refrain catchy, des mélodiques "Mystery Man" et "Innocent Cry" aux accents US, et du single "Somewhere Someplace" aux variations de tempo qui rappellent Queensrÿche, seule la surprenante version survitaminée du traditionnel "Jingle Bells" retiendra positivement l’attention. Le reste oscille entre le moyen ("Take Away Your Pain"), le pénible (la ballade "All Unite"), et le carrément ridicule ("That’s Me", espèce de sous-Kiss au chant faussement rebelle). Et puis il y a toutes ces erreurs difficilement compréhensibles consistant à ouvrir l’album sur un mid-tempo manquant singulièrement d’accroche ("Sins Of Mankind"), la rareté de soli dignes de ce nom, d’autant plus surprenante qu’un guitariste est à l’origine du projet, et la multiplication de samples parlés à l’utilité souvent limitée.
Autant dire que Kaisas passe sérieusement à côté de son sujet alors qu’il semblait avoir les cartes en main pour réussir un album aux ingrédients de base intéressants. Si le Hard Mélodique peine à retrouver une place de choix dans le paysage métallique actuel, ce n’est pas avec ce "Unify" que les choses s’arrangeront. Quant à Tony Mills, ce n’est malheureusement pas la première fois qu’il participe à un naufrage artistique. Le pire ici, c’est qu’en se démenant sincèrement pour sauver le projet de son ami grec, il participe à son échec en rendant l’ensemble indigeste à force de montées inutiles et répétitives dans les aigus. Il va falloir quelques sérieux réglages au trio pour proposer quelque chose de plus intéressant la prochaine fois !