Même si parler de déclin pour qualifier les dernières années que vient alors de vivre Moonspell serait sans doute exagéré, force est de reconnaître néanmoins que l’époque où le groupe portugais était aux portes du succès suite à la doublette Irreligious et Sin/Pecado, semblait bien révolue. Non pas que leurs successeurs fussent de grosses bouses infâmes, mais aussi bien l’expérimental The Butterfly Effect que les trop banals Darkness And Hope et The Antidote, marquèrent le pas par rapport à leurs aînés.
Le groupe l’a bien compris et Memorial a un goût prononcé de retour aux sources. Voire presque de nouveau départ, ce que confirment son entrée dans l’écurie SPV après tant d’années chez Century Media et le fait d’avoir refait appel à Waldemar Sorychta, producteur de ses hauts faits d’arme de jadis, pour enregistrer cette septième offrande.
Fini le son policé et stéréotypé à la finlandaise concocté au Finnvox de ses deux précédents efforts. Moonspell livre donc l’album que tout le monde attendait après Irreligious, un concentré de noirceur et de violence contrôlée. Par là même, il offre son œuvre la plus agressive depuis des lustres, à l’image des vocalises du charismatique et talentueux Fernando Ribeiro. Le furieux "Finisterra", que précède une intro superbe, nous fait rentrer tout de suite dans le vif du sujet. Petit frère de "Opium", il rassure quant à la capacité des Portugais à lâcher comme autrefois, les vannes d’un Dark-Metal envoûtant et terriblement sombre. Et comme tout l’album est dans cette veine, même si les dernières salves ("Luna" et "Best Forgotten") s’avèrent les plus réussies, parfois proche de Hermeticum, l’unique blasphème de Daemonarch, l'éphémère side-project des membres du groupe ("Once It Was Ours !"), autant dire que l’on est tout content de retrouver (enfin) le Moonspell que l'on aimait tant.
Fort de son expérience et d’une maturité affirmée, le groupe a même certainement enfanté son travail le plus grandiose. Le plus ambitieux aussi. Pourvu de plusieurs plages instrumentales, dont le terrifiant "Proliferation", Memorial ressemble par moment à une bande originale de film, celui de notre propre fin, de la damnation éternelle. Le come-back de l’année 2006 ? Assurément !