Wishbone Ash sort deux albums au cours de l'année 1976 : le décrié "Locked In", descendu en flamme par la critique et boudé par le public, puis en fin d'année le mieux accueilli "New England", l'album portant le nom de l'état des USA dans lequel le groupe vient de s'installer, ayant dû quitter l'Angleterre pour échapper à quelques problèmes fiscaux.
Un album court (à peine 37 minutes) selon la jauge de l'ère numérique, où le découpage en deux faces du support vinyle est assez marqué. Sur la première face figurent quatre titres qui soufflent le chaud et le froid, alternant Hard-Rock pour garçon de bonne famille et ballades plus tranquilles, le point commun étant la tonalité très seventies des morceaux. Ainsi, 'Mother Of Pearl' et 'Runaway' affichent un certain dynamisme, les guitares s'adonnant à des riffs lourds et Martin Turner forçant sa voix à prendre des accents rageurs à la Daltrey ou à la Plant, même s'il n'arrive pas à être pleinement convaincant dans ce style. '(In All Of My Dreams) You Rescue Me' est une ballade gentillette manquant de personnalité, alors que 'Lorelei' est un titre bluesy un peu plus original.
Si la première face alternait rythmes rapides et plus tranquilles, la seconde face est beaucoup plus homogène. Après un instrumental simple et efficace doté de très beaux moments de guitare et d'une rythmique impeccable, Wishbone Ash aligne quatre titres dont la constante réside dans l'impression de douceur qu'ils dégagent. 'Prelude' est un court instrumental médiéval, très 'The King Will Come', débutant pianissimo pour s'élever dans un lent crescendo. On retrouve dans la douce ballade 'When You Know Love' le style de "Pilgrimage" et d'"Argus". Le chant est presque susurré et les guitares évanescentes sur 'Lonely Island' et un autre court instrumental, 'Candlelight', clôt l'album par une berceuse jouée par les deux guitares, une pour la mélodie lancinante, l'autre en pluie d'arpèges.
"New England" est un album d'une simplicité limpide. Pas de thèmes tortueux, pas d'ambiances sombres et glauques, tout est direct, à la fois basique et mélodieux. L'utilisation des deux guitares, tantôt en opposition, tantôt en harmonie, est toujours aussi efficace, la basse fait comme à son habitude un travail remarquable et la batterie soutient bien l'ensemble. Martin Turner n'a peut-être pas une voix extraordinaire mais son velouté convient parfaitement aux ballades en demi-teinte qui constituent les trois-quarts de l'album. Certes, "New England" ne fait pas preuve d'une grande originalité et semble un peu daté aujourd'hui. Il contient néanmoins un nombre suffisant de mélodies attrayantes pour permettre de passer un agréable moment.