Lors de la tournée de promotion de The Wind That Shakes The Barley, accompagnée par deux musiciens, Loreena Mc Kennitt a donné un concert privé dans les locaux d'une radio allemande, dont la captation live nous est offerte sur ce nouvel album, prise de son n'ayant, il faut le souligner, subi aucun traitement particulier ultérieur (ni overdub, ni reprise en studio). C'est donc à une véritable performance directe à laquelle l'auditeur va assister en découvrant l'épopée des Troubadours On The Rhine.
Habituellement peu adepte des performances acoustiques en formation réduite, je dois avouer que j'ai été littéralement bluffé par l'écoute de cet album : au-delà de la voix divine qui vous prend aux tripes à chaque instant, la formule en trio permet de présenter des titres plus ou moins connus du répertoire de Loreena sous une forme dépouillée, mais loin d'être vide. Du coup, les Lady Of Shalott et autres Bonny Portmore, pierres angulaires traditionnelles des performances de l'artiste, prennent une nouvelle couleur, et surtout une nouvelle dimension.
Dans un habillage réduit et débarrassé des habituelles percussions qui rythment la plupart des titres de la discographie de la Canadienne, le violoncelle se pose en véritable pierre angulaire de la couleur musicale proposée ici. De même, la harpe peut s'exprimer au premier plan, laissant une part plus discrète aux guitares, malgré quelques interventions électriques du fidèle Brian Hughes. La version de Between The Shadows, pièce instrumentale extraite de The Visit en est la parfaite illustration. L'artiste profite également de l'occasion pour dépoussiérer le splendide et oublié Stolen Child, présent sur son premier album, Elemental.
Et puis, pour terminer, comment passer sous silence la nouvelle performance vocale de Loreena Mc Kennitt ? Avant d'assister à mon premier (et hélas unique) concert de l'artiste en 1998, je pensais à tort que l'incroyable émotion tirée de ses cordes vocales et transmise par l'intermédiaire des CD était en grande partie due à un minutieux travail de post-production. L'écoute live m'avait prouvé le contraire, et la restitution qui en est faite sur cette captation n'est que le reflet de la réalité.
Alors à l'heure où certains media n'en peuvent plus de se gausser à rechercher "The Voice", abusant les gogos captivés par des ersatz de performances artistiques, je répondrais à ces messieurs-dames : ne cherchez plus, tournez vos fauteuils vers le nord du continent américain, regardez et surtout écoutez, écoutez, écoutez …