Sa pochette, hideuse, tout comme son titre, ridicule, ne doit pas vous faire fuir : Heroes In The Sand vaut mieux que sa vitrine ! Il s'agit du premier album d'un projet dont le meneur de jeu est le guitariste anglais Kevin Sandbury, inconnu en dehors de sa cage d'escalier.
Et cela s'entend... Qu'il est guitariste car de la guitare, il y en au fil de ses dix morceaux qui ont le regard fixé dans le rétroviseur du passé, celui du Hard Rock des années 70 et du Heavy usiné lors de la décennie suivante. Le bonhomme, qui sait se servir de son manche, mouline donc des intros électriques et nerveuses, à l'image de celles ouvrant "Take My Hand" ou "Heroes In The Sand", sur laquelle plane l'ombre du Pourpre Profond. D'ailleurs, bien que nous inondant les cages à miel de soli ravageurs, Sandbury braconne (hereusement) davantage sur les terres de Ritchie Blackmore que celle de son fils spirituel, Yngwie Malmsteen. Comprendre que c'est lui qui se met au service de la musique et non l'inverse !
Si Heroes In The Sand porte clairement la griffe d'un six-cordiste ("Big Guns"), les deux autres musiciens qui l'accompagnent ne sont pas en reste, notamment le chanteur, Shawn Allen lequel, malgré un début hésitant qui nous fait craindre le pire pour la suite, nous rappelle les grandes heures du Metal made in Britain pré NWOBHM, avec sa tessiture granuleuse et (très) légèrement bluesy ("Don't Look At Yourself").
D'une originalité toute relative, Heroes In The Sand possède donc au moins la qualité d'être agréable, de s'écouter avec un plaisir non feint, ce qui n'est déjà pas si mal. Cette qualité, il la doit avant tout à un songwritting certes éprouvé mais qui a fait ses preuves, à l'origine de solides compositions à l'ancienne, à peine ramollie par une prise de son rudimentaire.
A sa mesure, modeste, et sans trop souffrir d'un amateurisme que l'on devine pourtant derrière ses aparats visuels (pochette, vidéo-clip ringuard, photo du guitariste prennant la pose dans sa cuisine ou presque), Loadasmoon ne démérite pas et mérite qu'on s'intéresse à son cas même s'il est permis de douter qu'il parvienne un jour à s'échapper de l'ornière de la seconde zone...