Vous estimez - à raison - qu'Iron Maiden n'a jamais rien fait de mieux que Killers ? Eh bien, vous seriez plutôt inspiré de jeter plus qu'une oreille sur Nucleus. Orgasme garanti ! Alors qu'il est actif depuis plus de quinze ans déjà, Dawnbringer reste encore (trop) méconnu. Il fait pourtant partie de ce que l'on peut appeler maladroitement la galaxie Nachtmystium autour de laquelle gravitent des musiciens tels que Sanford Parker (qui a produit ce Nucleus) ou Chris Black, bassiste de son état, connu pour son implication au sein de Superchrist et de Pharaoh. En 1995, ce dernier fonde donc Dawnbringer. Trois albums plus tard, enfantés à intervalles irréguliers, le deal avec Profound Lore Records devrait enfin permettre aux Américains de faire parler la poudre à plus grande échelle.
Dopé au Viagra, Chris Black et ses trois comparses se sont littéralement déchirés, accouchant avec cette quatrième cartouche du Graal que tous les fans de pur Heavy Metal attendent depuis 1981 ! Au programme, neuf pépites pour une jouissance de quarante minutes. Contrairement à ce que le groupe proposait sur In Sickness And In Dreams, lequel crachait des pistes très courtes ne dépassant guère les deux minutes au compteur, le contenu du Nucleus se veut plus épique. La plupart des titres ne démarrent qu'après de longues introductions absolument jubilatoires, dignes de la trique des grands jours.
En guise d'ouverture, "So Much For Sleep" résume à merveille cette construction imparable. Galopant à tout va, les premières mesures instrumentales sonnent comme les héritières des "Genghis Kan" et autre "The Ides Of March", chefs-d'œuvre oubliés de la Vierge de Fer époque Di Anno. Même le chant de Black renvoie à cette période, lorgnant également vers les lignes vocales rugueuses de Lemmy. L'enchaînement avec le rapide "You Know Me" touche le Point G, et, zébré de riffs assassins typique de la NWOBHM, est irrésistible. Tout comme les cavalcades 'maideniennes' parcourant "The Devil", qui leur succède, formant une tétralogie du feu de dieu que complète "Swing Hard", autre bijou comme on n'en pas entendu depuis plus de trente ans.
Annoncée par la ballade "Cataract", la seconde partie de Nucleus se révèle plus variée peut-être, entre le lourd "Like An Earthquake", le véloce "All I See" ou le quasi doom "Old Wizard", le titre le plus rampant du lot tandis que le final "Pendulum" est une sorte d'exploration plutôt curieuse, sombre, ambiancée et fissurée de griffes acoustiques. Rien à jeter, l'intensité jamais ne retombe tout du long de cet album qui fera date dans l'histoire du Heavy.
Tout y est : les compos, le son, crasseux mais puissant, le jeu des musiciens au taquet, la classe... Une leçon qui renvoie tous les bricoleurs du True-Metal dans les bacs à sable qu'ils n'auraient jamais dû quitter. Le vrai Heavy-Metal, c'est ici que cela se passe, chez Dawnbringer qui vient ni plus ni moins d'offrir le successeur du légendaire Killers dont il retrouve l'énergie, l'urgence avec en sus une finesse dans l'écriture tout à fait remarquable. Bref, un chef-d'œuvre !