Quand les Espagnols se mettent au metal féminin, cela donne Diabulus In Musica, Ankor ou donc, ce Antalgia qui expulse avec Perception Of Reality son premier jet séminal, et que ceux qui assisteront aux prochains concerts français de Therion, pourront admirer en première partie, juste avant Elyose.
Face à une formation en devenir et le charme (toujours !) d'une jolie chanteuse aidant, on a forcément envie de se montrer indulgent et ce, d'autant plus que cet album ne saurait être critiqué aussi bien dans la forme (ça joue bien, tout est en place) que dans le fond (compositions aux petits oignons). Une seule immersion suffit déjà à s'y sentir à l'aise. Trop peut-être même.
Là réside la principale faiblesse d'un tel disque, et par conséquent d'un tel groupe : un air de déjà-entendu tenace qui vous étreint très vite. Pourtant, Antalgia se montre des plus ambitieux. Au simple corset Gothic Metal, il préfère les jarretières d'un métal-sympho-progressif à chant féminin ("Realm Of Pain"). Seulement voilà, une originalité désertique et une personnalité que l'on pourra vainement chercher longtemps finissent par grever une écoute au demeurant agréable. Souvent à l'aise, comme sur le beau "The Invisible Mechanism", la mimi Bella Dianez ne se montre malheureusement pas toujours à son avantage, témoin ce "Memories" qu'elle gâche par moment par ses interventions presque insupportables.
S'il devrait trouver son public chez ceux qui veulent tout avoir du Metal à chanteuse jusqu'aux miettes, le fait est que Perception Of Reality, en dépit d'un solide fuselage n'est qu'une rondelle de plus au milieu d'un paysage sonore saturé d'une kyrielle de groupes du même genre. Un joli minois, une interprétation soignée ne s'avèrent plus suffisants pour s'imposer. L'époque réclame plus que cela et surtout un peu plus d'âme, ce qui fait cruellement défaut à ce galop d'essai qu'on oubliera aussi vite qu'on a accroché à ses atours (trompeusement) aguichants.