Docker’s Guild sort cette année son premier album, « The Mystic Technocracy / Season 1 : The Age Of Ignorance ». D’une longueur dépassant les 80 minutes et porteur d’un concept sujet à polémique, cet opus très ambitieux n’est que le premier d’une suite de 5 saisons comme le précise l’intitulé de l’album. Le concept tourne autour de la science-fiction tout comme nom du groupe qui est un jeu de mot tiré de la série des années 80 « Babylon 5 ». Ainsi l’on parle des conséquences destructrices que peuvent revêtir les religions (expliquant par là-même la pochette, ornée des symboles chrétiens, juifs et musulmans) et du malheur qu’elles apportent au lieu de véhiculer les valeurs qu’elles sont censées représenter comme le partage ou l’amour. Mais ce paradoxe est dû au simple fait que les religions ont été créées par une sorte de société secrète la « Mystic Technocracy » dans le but de contrôler et à long terme de détruire l’humanité…
Si le principe est intéressant, il est aisé avec un sujet de ce genre de tomber dans un pompiérisme et une grandiloquence qui pourrait nuire à la qualité de la musique. Bien heureusement, ce n’est pas le cas ! Si l’aspect épique et symphonique est fortement développé notamment par une utilisation très poussée des claviers qui s’évertuent à libérer des thèmes très mélodiques et propices à créer ce genre d’ambiances, rien n’est surjoué comme dans certains Opéras Rock. Le concept est parfois poussé assez loin comme sur 'Norse Cosmogony Part 1', morceau constitué d'une partie de piano très bluesy sur laquelle vient se rajouter une voix énonçant des mots d'une langue qui m'est inconnue avec une aisance déconcertante.
On assiste donc à un cocktail très 80’s de genres, mixant l’AOR, le Heavy Metal et le Néo-Prog pour un résultat assez bluffant et survolté ! Le morceau éponyme est un très bon exemple : des guitares et une rythmique très heavys ouvrent le bal puis sont rejointes par un chant accrocheur et assez direct (qui rappelle d’ailleurs bien souvent Asia ce qui n'est pas étonnant puisque John Payne a participé à l’album), le tout soutenu par des synthés surpuissants et omniprésents. Un énième clone de Dream Theater me direz-vous ? Non, car il-y-a au niveau des sonorités une différence renforçant cette esthétique des années 80.
Si le groupe n'est pas spécialement technique, certains morceaux ne sont pas dénués de complexité, comme en témoigne ‘The Secret of DNA’, divisé en 2 parties et ne comportant aucun élément de type couplet/refrain. Il n'y a certes rien de très nouveau que de s’émanciper de ce genre de structure, mais cet exercice est ici réalisé avec une belle maîtrise et une réelle cohérence. Les deux parties sont très nuancées avec des montées sublimées par les synthés, des transitions très propres qui donnent parfois des frissons ou de superbes solos de guitare !
Avec ce premier album, Docker’s Guild n’invente rien. Pire, il nous offre un revival rétro de ces années détestées par certains et vénérées par d’autres ! Pourtant, malgré certaines répétitions certainement dues au son et à la dominante majeure de l’album, "The Mystic Technocracy" se trouve être une vraie réussite qui comblera tout particulièrement les adeptes des années 80. On attend la suite de l’histoire avec impatience !