Pour une fois que Great White réussit à avoir une pochette d’album digne de ce nom, voilà que le quintet est victime de la censure américaine, certaines âmes puritaines étant choquées par la jeune femme dénudée accrochée à l’hameçon géant censé appâter un grand requin blanc. C’est donc un modèle immergé qui fait son apparition sur la nouvelle illustration, ceci ne devant pas nous faire oublier le principal, à savoir le contenu musical de ce "Hooked" qui succède à un "…Twice Shy" qui a apporté succès et reconnaissance mérités à Mark Kendall et sa bande, deux ans auparavant.
Partant du principe qu’on ne change pas une équipe qui gagne, Great White nous sert une nouvelle rafale de compositions mélangeant Hard, Rock et Blues pour un résultat à nouveau enthousiasmant. Tout en capitalisant sur la réussite de son précédent opus, le combo US enfonce le clou et rompt définitivement avec la scène Glam dont on ne retrouve plus aucune trace. Au contraire, les racines sont désormais pleinement assumées, non seulement en raison de deux nouvelles covers ('Can’t Shake It' de The Angels, et la délicate ballade 'Afterglow' des Small Faces, groupe de Steve Marriott avant qu’il ne rejoigne Humble Pie), mais également aux travers de clins d’œil appuyés aux glorieux anciens, mariant avec classe la sensibilité blues de Led Zeppelin et les riffs irrésistibles d’AC/DC ('Heartbeaker').
On pense ainsi aux grands frères de The Angels sur 'The Original Queen Of Sheba', mais également à ZZ Top sur l’accélération cinglante au cœur du sexy et accrocheur 'Cold Hearted Lovin’ '. Et pour imposer d’entrée cette identité roots affirmée, les Ricains nous dégainent un rock’n’roll des familles avec le bien nommé 'Call It Rock’n’Roll' alternant soli savoureux et refrain obsédant. Cependant, être fier de ses racines ne signifie pas obligatoirement d’avoir une identité disparaissant dans l’ombre des références historiques. En effet, Great White n’est le clone de personne et il n’a pas besoin d’aide pour composer de véritables perles à la personnalité marquée, le sommet étant atteint à l’occasion de 'Congo Square' envoutant l’auditoire tout au long d’une montée en intensité allant crescendo d’une intro bluesy à un rock intense, passant par des interventions d’orgues Hammond et des soli pendant lesquels Kendall fait aussi bien miauler que rugir sa guitare. Après ça, la fraicheur de 'South Bay Cities' avec ses clap-hands et sa slide, et le riff cinglant du Hard-Rock 'Desert Moon' vous maintiennent au Nirvana avant que 'Afterglow' ne fasse office d’atterrissage en douceur avec son refrain que l’on continu de fredonner pendant des heures après son écoute.
Nouvelle démonstration du talent des Kendall, Russell et Lardie, sans négliger une section rythmique indispensable, "Hooked" vient confirmer Great White comme référence d’un savoir-faire à la fois traditionnel et original. Nouveau voyage au travers des paysages US, du Rock, du Blues et du Hard, il s’impose comme un album indispensable pour tous les amateurs de feeling et d’énergie.