Les Etats-Unis n'ont pas le monopole du rock sudiste. Nul besoin de se rendre au Texas pour admirer des drapeaux confédérés. On peut ainsi ne pas quitter l'hexagone pour cela et vivre même dans un endroit aussi peu évocateur du désert US ou des bastringues poussiéreux, que Cormoranche-sur-Saône ! C'est le cas de Diesel Dust, joyeuse troupe de musiciens qui peut se targuer de faire partie des vétérans français d'une scène bien trop sous-estimée puisque le groupe a été fondé en 1990 par le batteur Jmill.
Mais c'est en réalité quasiment quinze ans plus tard, et l'arrivée de Raph (guitare), que les choses sérieuses commencent et que Diesel Dust, d'abord tourné vers les reprises du répertoire Hard-Rock et Bluesy, fixe son identité sonore, celle du Rock sudiste donc, se réclamant des maîtres américains du genre, Lyrnyrd Skynyrd, Blackfoot, Molly Hatchet et le Allman Brothers Band. Ghost Dance naît de cette renaissance, suivi quatre ans plus tard de 2nd Life.
A l'écoute de cette douzaine de titres, on se rend vite compte que ces mecs ont tout compris. Tout compris au genre qu'ils honorent sans le moindre indice, qui eut été fâcheux, d'une quelconque franchouillardise. Cet album se veut l'idéal bande-son accompagnant un périple routier. Un grand périple par ailleurs, s'articulant en effet autour de morceaux (souvent) longs, chauffés au soleil, vibrant au son d'un harmonica ou d'une slide ronronnante. 2nd Life possède l'assurance tranquille de musiciens sincères et connaissant sur le bout des doigts leur ZZ Top période Très Hombres (la meilleure), ou leur Ronnie van Zant ("Up To Your Heart").
Rock grandiose ("Too Long Time") ou remuant (le boogie "I Miss You", "Uncle Rocker"), lourd (l'excellent "Devil Inside") ou bluesy ("So Bad So Sad"), Diesel Dust fait mouche à tous les coups. Non content de faire parler la poudre avec générosité, il se montre carrément impérial lorsqu'il lève le pied, posant ses santiags le temps d'une power-ballad gorgée de feeling ("Lily") ou de la lente montée en puissance terminale, belle comme un chat qui dort, ce "Just Me Forever" dont les 11 minutes au compteur sont à peine entrecoupée d'un blanc silencieux et où Raph, véritable homme-orchestre, insuffle puissance émotionnelle et authenticité.
Signé chez Brennus, le spécialiste du Hard-Rock maison, Diesel Dust mérite bien davantage de succès qu'il n'en a rencontré depuis 2004. Et si l'on sent tout au long de cet opus, un groupe sans prétention si ce n'est celle de se faire avant tout plaisir à jouer une musique selon son cœur, le fait est que 2nd Life est un brûlot impeccable n'ayant rien à envier aux meilleures cartouches tirées par certaines de ses références ! Donnez-lui une seconde chance, il le vaut bien !