En 2008, coincé entre Austere, Lyrinx ou Nox Inferi, au sein de la production de fait très Black Metal du label français Those Opposed Records, nous découvrions Bosse, véhicule d'un seul et unique musicien qui lui donne d'ailleurs son nom, à des années-lumière de toute cette chapelle.
En écoutant Echoes Of The Forgotten, sa première offrande survenue après trois petites démos, on comprend pourtant ce qui avait pû attirer cette structure underground vers une musique à laquelle nous avions alors accolé, certes avec maladresse, faute de mieux, l'étiquette "Neofolk", moins celui des derniers Empyrium (Weiland) que celui, O combien magnifique, forgé par les Finlandais de Tenhi. Bien qu'osseuse dans sa manière de s'exprimer, la mélancolie qui s'en dégage n'est pas si éloignée que cela de la désolation, de la décrépitude irriguant l'art noir et notamment les hordes pré-citées.
Peu d'informations circulent sur Bosse dont nous ignorions même qu'un album baptisé Dreams Of The Dead était sorti en 2010 ! Livrets anémiques, site internet quasi inexistant, seulement sait-on que le projet est basé à New-York. C'est tout. Et c'est par le plus grand hasard, en parcourant le webshop de Those Opposed Records que nous apprenons aujourd'hui qu'un nouvel opuscule est disponible, cette fois produit par le tout aussi confidentiel Ars Magna Recordings.
Depuis trois ans Bosse n'a pas changé, il reste fidèle à ce squelette entièrement instrumental qu'égrène une maigre guitare acoustique qui parfois peut épouser les traits du Drone. La filiation entre Visions Of The End et ses prédécesseurs est évidente, jusque dans leurs noms qui paraissent se répondre et desquels suintent cette vision morne et désenchantée du monde. A digipack minimaliste où le titre de l'album se devine plus qu'il ne se lit, musique épurée. Qui l'est d'ailleurs tellement qu'elle confine presque à une forme d'ascétisme sonore.
En six plaintes glaciales et anonymes, ce qui n'aide pas à les distinguer, Visions Of The End en dit beaucoup avec remarquablement peu. Quelques arpèges d'une beauté triste lui suffisent. Mais il y a un tel désespoir qui la voile comme un suaire que l'on ne peut qu'être touché par cette oeuvre (toujours) trop courte et hantée. Hantée par la mort, peut-être de cette Mary à laquelle celle-ci est dédiée. Tous ceux qui ont connu la douleur de perdre un être proche verront en elle la bande-son de nuits passées à ruminer des souvenirs qui se fanent peu à peu.
Rarement ils nous aura été donné d'entendre une musique aussi désolée, propice au recueillement et à la solitude. Visions Of The End se pare d'une aura monacale des plus singulières. Plus que jamais, Bosse demeure une création unique.