Jeune groupe français commençant à déjà avoir de la bouteille (toutes proportions gardées), Saens en est à son troisième jet avec ce Prophet In A Statistical World. J'avoue humblement avoir découvert ce groupe avec cet opus et le constat est globalement positif, même s'il m'en faudra peut-être un peu plus pour manifester l'enthousiasme que j'ai pu observer en parcourant la toile lors de mes recherches au sujet de ces franciliens.
Je passerai rapidement sur la technique puisqu'il n'y a rien à dire, comme souvent heureusement lors d'un troisième album : ces musiciens sont bons ; ce n'est pas à démontrer, il suffit de les écouter.
Seule chose que je leur reprocherais sur le plan technique : la voix, mais c'est tout ce qu'il y a de plus subjectif, disons-le clairement.
La voix est juste, maîtrisée, mais c'est le côté ingrat de ce rôle que d'être justement sujet à l'appréciation personnelle de chacun et, en ce qui me concerne, j'ai été un peu gêné par le style du chant. Mais pour lui rendre justice, je tiens à préciser que ceux d'entre vous qui apprécient des personnages tels que Peter Nicholls ou Rob Sowden devraient trouver leur bonheur ici également.
Sur le plan du style, Saens évolue dans un registre que l'on peut qualifier de néo-progressif, même s'il faut y mettre les formes. En effet, pour les fans de néo-prog au sens propre du terme, Saens pourrait passer pour le vilain petit canard dans le sens où s'ajoutent fréquemment aux envolées habituelles typiques d'un Marillion ou d'un IQ des fractures et des changements d'atmosphère beaucoup moins courants chez les groupes que je viens de citer. Ainsi, autour de soli de guitare ou de clavier rappelant plus que de raison les premiers albums de Marillion se greffe un style de rythmique, par exemple, beaucoup plus habituel chez des groupes comme les Flower Kings ou King Crimson.
Au final, on a donc un bon album d'un bon groupe mais dont je ne peux m'empêcher de me demander si le manque d'homogénéité de Prophet In A Statistical World est le résultat d'un choix volontaire ou plutôt la marque de musiciens qui cherchent encore ce qu'ils veulent faire exactement.
Pourtant ouvert aux multiples délires par nature, j'avoue ressentir ici un léger manque de maîtrise, un peu comme si les compositions échappaient parfois au contrôle de leurs propres auteurs.