Si dès le départ nous savions que Psalms For The Dead serait le testament des Suédois, ceux-ci ayant décidé de finir en beauté alors que l'inspiration ne les a pas encore quitté, choix O combien judicieux que beaucoup devraient d'ailleurs imiter, par contre nous ignorions qu'il s'accompagnerait du limogeage du chanteur Robert Lowe, viré au moment même où l'album tombe dans les bacs ! Car rappelons-le, le groupe n'a pas pour autant mis fin à sa carrière mais continuera à exister sur scène. Pour l'heure, c'est à Mats Leven (Therion, Malmsteen), dont il était de toute façon écrit qu'il rejoindrait un jour le combo (il joue dans Krux, a participé à l'éphémère Abstrakt Algebra de Leif Edling et assure les choeurs sur ce nouvel opus), qui remplace l'Américain pour la tournée à venir.
Certes, Candlemass et sa voix est une longue et tortueuse histoire, de Johan Längquist à Thomas Vikström, qui n'enregistrèrent qu'un album (respectivement, Epicus Doomicus Metallicus et Chapter VI), sans oublier Björn Flodkvist qui pris le micro sur les mésestimés Dactylis Glomerata puis From The 13th Sun. Mais il semblait néanmoins évident que les Suédois avaient trouvé en Robert Lowe à la fois le digne successeur du moine Messiah Marcolin et Son chanteur. Quand bien même il ne participa pas ou peu à leur élaboration, on peut affirmer que King Of Grey Islands et Death Magic Doom lui doivent beaucoup.
De fait, Psalms For The Dead laisse un goût un peu amer dans la bouche et ce, d'autant plus qu'il ne démérite pas face à ses deux aînés. On aurait pû craindre une performance en demi teinte du texan, laquelle aurait peut-être pû expliquer ce renvoi (c'est son jeu de scène, assez théâtral, qui est avancé comme la raison principale de cette décision). Or il n'en est rien, Lowe apparaissant plus qu'à son avantage tout du long de ces neuf compositions. Mieux, admirateur sincère de Dio auquel il a maintes fois rendu hommage, comme en témoignent les reprises de "Heaven And Hell" (sur le Adagio de Solitude Aeturnus) et de "Man On The Silver Mountain" (sur Visions de Concept Of God), il signe ici son album le plus marqué par l'influence de l'Arc-en-ciel. L'illustration à la manière de la pochette de Long Live Rock'n'Roll figurant à l'intérieur du livret ainsi que ce "The Lights Of Thebe", aux vraies allures du "Gates Of Babylon" de Rainbow si celui-ci avait fait du Doom, constituent ainsi d'évidents indices alors que c'est davantage vers le Black Sabbath de l'ère Ozzy que se dirige à la base Candlemass.
Encore que cette influence ne soit pas en reste, loin s'en faut. L'importance des claviers, discrets mais cependant pilliers essentiels d'un Doom qui se pare de plus en plus, depuis au moins Death Magic Doom, d'une aura hantée ("The Sound Of Dying Demons"), tisse un lien avec le référenciel Sabbath Bloody Sabbath. De fait, et l'embauche de Mats Leven ne risque pas d'arranger les choses, la proximité entre Candlemass et Krux progresse d'une manière incontestable, même si le principal intéressé, Leif Edling, s'en défendra sans aucun doute.
A la fois proche et et pourtant différent de ses deux prédécesseurs, Psalms For The Dead est un disque qui ne se livre pas dès la première écoute. Moins immédiat, il n'en demeure pas moins encore une fois un bloc irradiant une sombre lumière. Il est le théâtre d'un Doom où l'infuence seventies est plus visible que jamais, à l'image de ce "Siren Song" suprenant qu'on oserait presque résumer à la rencontre entre Black Sabbath pour la lourdeur sismique et Uriah Heep pour l'orgue dégoulinant, d'ailleurs entre les mains de Per Wiberg (Spiritual Beggars, Opeth).
Hormis le terminal "Black As Time", parasité par la narration trop envahissante et néanmoins superbe de Mark Roberton, digne des grands acteurs shakespeariens, Psalms For The Dead ferme une carrière longue de près de trente ans et onze offrandes de la plus magistrale des manières. Davantage porté sur les ambiances sur que sur les riffs contrairement à Death Magic Doom, il est homogène tout en étant varié, prouvant par la-même que l'apogée artistique de Candlemass se déroule bien depuis 2007. Moins lyrique, plus heavy et granitique, le groupe trempe ses riffs écrasants dans le Hard Rock ("Prophet"), alterne hymne mélodique ("Dancing In The Temple (Of The Mad Queen Bee)") et fait exploser les compteurs Geiger avec l'abyssal "Waterwitch", La pierre funéraire de l'album et certainement le titre le plus sabbathien du lot et les plus rablés "Psalms For The Dead" et "The Killing Of The Sun" où tous les musciens dressent un bunker ryhtmique et accouche en fin de compte d'un joyau bicéphale suprêmement lourd, ce qu'il doit à une prise de son tellurique et progressif dans cette façon de puiser dans les seventies.
Les Suédois tiendront-ils parole et ce disque est-il leur dernière pelleté de terre ? Malgré l'éviction de Robert Lowe, toujours aussi impérial et dont on espère que cette disponibilité retrouvée se répercutera sur l'activité d'un Solitude Aeturnus au point mort depuis 2006 et Alone, on croise les doigts pour qu'ils reviennent sur leur décision. Soyez-en convaincus, ils en ont encore sous la semelle !