Alors que l’on croyait la mécanique Fear Factory remise sur les bons rails suite au très prometteur "Mechanize" - qui malgré tout, ne figurera pas au panthéon des incontournables du groupe californien - voici que déboule moins de deux ans après "The Industrialist" attendu comme la confirmation des espoirs de résurrection d’un groupe à la carrière instable.
Nous aurions pu développer en annonçant que comme à l’accoutumée, "The Industrialist" est un concept album global construit autour d’une histoire écrite par Burton C. Bell sur la thématique habituelle opposant les hommes et les machines. Nous aurions pu relayer les propos de son géniteur qui annonce à grand coup de déclaration fracassante que "Mechanize" aurait pu et dû être meilleur que ce qu’il n’a été en développant un vrai concept cérébral… ce qui est le cas de "The Industrialist".
Nous aurions pu... Mais comme il est dit que rien ne sera jamais simple dans la carrière du groupe, l’histoire retiendra une nouvelle fois les énièmes remaniements de line-up. La section rythmique made in Strapping Young Lad n’aura fait rêver que le temps d’un album : Byron Stroud parti chez 3 Inches of Blood est remplacé par Matt DeVries (ex-Chimaira) à la basse et Gene Hoglan par… une batterie programmée par Dino Cazares et John Sankey (Devolved, ex-Divine Heresy), elle-même remplacée lors de la tournée par Mike Heller (System of a Down) !
Et musicalement alors ? Est-ce que les déclarations alléchantes de Burton C. Bell sont suivies d’effet ? Si le titre éponyme ouvre les hostilités sur une introduction grandiloquente très rapidement foudroyée par la rythmique glaciale et industrielle propre à Fear Factory, c’est bien là où réside le nœud de l’épineux cas Fear Factory : comment faire du Fear Factory sans verser dans la copie de ce que le groupe a pu faire par le passé au risque de sentir le réchauffé ? Toutefois, peut-on décemment reprocher aux californiens de marteler le metal industriel qu’ils ont eux-mêmes façonné surtout que pour l’occasion et à l’instar de "Mechanize", les rouages de la mécanique si spécifique à Fear Factory sont particulièrement bien huilés par l’entremise de Rhys Fulber ?
Fear Factory a révolutionné le metal, il y a quinze de cela avec "Demanufacture" et "Obsolete", il ne faut donc pas s’attendre à ce que Burton C. Bell et Dino Cazares changent fondamentalement ce qui fait sa marque de fabrique si unique ! Fear Factory continuera à faire du Fear Factory avec plus ou moins de réussite quoi qu’en disent ses détracteurs. "The Industrialist", efficace et sans être original, sans véritable défaut (sorti de l’interminable et dispensable final industriello-bruitiste "Human Augmentation") ni coup d’éclat, ne déroge pas à cette règle… En somme, un album qui confirme le retour de Fear Factory… Sans plus !