Au regard de la composition de la section rythmique de Soen entre Martin Lopez qui a martelé ses fûts chez Opeth ou Amon Amarth, Steve DiGiorgio qui promène sa basse du mythique Death à Sebastian Bach en passant par Iced Earth, Vintersorg, Testament ou autres Obituary, j’aurais pu vous dire que nous allions avoir droit à un all-star band de death technique… J’aurais pu mais je ne le ferais pas !
Le verdict des premières notes tombent comme un couperet, tel le visuel évoquant "Lateralus" : Soen officie dans un registre Tool-like ! Aussi bien au niveau des riffs vrombissants aux accents tribaux obsédants, de la voix mélodique de Joel Ekelof sonnant terriblement James Maynard Keenan que de la production signée Dave Bottrill (Muse, Smashing Pumpkins, Dream Theater, King Crinsom et… Tool), "Fraccions" rappellera fortement Tool pour les initiés. De là à dire que cette influence est telle que les fans ultimes du groupe fuiront cet album telle la peste empestant le plagiat, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Toutefois, il faut bien reconnaître que "Cognitive" dégage un fort parfum de Tool et ce n’est pas la suite -à commencer par "Delenda"- qui dérogera à cette règle…
Toutefois, si cette influence est indéniable, cantonner Soen à un simple clone de Tool serait très réducteur. La preuve sur le magnifique "Oscillation" qui débute sur une rythmique introductive qui rappellera "Deliverance". La faute à la frappe chirurgicale de Martin Lopez ? Probablement mais le timbre de Joel Ekelof qui se mue en Mikael Åkerfeld, notamment sur le break a capella, n’y est pas étranger non plus. Un titre totalement enivrant qui nous emporte dans des contrées où la mélancolie hypnotique d’un Opeth se mêle au riff vrombissant tribal d’un Tool. Le résultat est immédiat, l’auditeur ne pourra que succomber aux charmes envoutants de cet alliage irrésistible ! Par la suite, Soen poursuit son entreprise hypnotiquement mélancolique sur cette trame oscillant entre Opeth ("Ideate") et Tool ("Canvas") voire Karnivool ("Purpose")…
Pour une entrée en matière, Soen nous livre une offrande de tout premier choix marquée du sceau Tool/Opeth. Et c’est bien là le seul véritable reproche que l’auditeur intransigeant pourra évoquer : un certain manque de personnalité ! Si bien que nous pouvons ainsi dire sans trop prendre de risque que lorsqu’il aura su se détacher de ses influences, Soen produira un album qui pourra prétendre entrer au panthéon des incontournables de toute discothèque qui se respecte !