Trois ans après “Underground Community” largement reconnu par les critiques et encensé en son temps, les ibériques d’Harvest reviennent aux affaires avec un nouvel album dans lequel interviennent deux personnages hautement recommandables dans notre monde progressif : Alan Reed et Steve Rothery !
Il est vrai que la pop atmosphérique progressive du combo a de quoi séduire. Monique Van Der Kolk a encore progressé au chant et use à merveille de sa voix cristalline mi-femme mi-enfant pour transcender chaque titre de la galette. Si c’est elle qui avait porté la première livraison, c’est encore elle qui décuple les compositions majoritairement issues de l’axe bicéphale des deux Jordi (Prats et Amela). Les instrumentistes sont en osmoses et présentent un travail irréprochable.
Fervents admirateurs du Marillion actuel – Harvest avait repris et élevé d’un cran "Waiting To Happen" provoquant l’intérêt du groupe - ils ont réussi à rameuter le guitariste afin d’envoyer deux ou trois slides de 6 cordes dans le soutenu "In Debris". Mais ce qui caractérise nettement cet opus, c’est bien la teneur légèrement plus heavy (le tonitruant "Roundabout" ou le final trés Led Zeppelien de "Unknown Skyline" ou "Silent Run") que le combo a su développer.
L’enchaînement des trois dernières compositions compense le petit coup de mou que représente "Yesteryear", titre évolutif un peu brouillon sur base voix/guitare acoustique alors que la ballade co-chantée avec Alan Reed, "Time Lapse", est un bon moment, offrant une saisissante différence vocale.
"Stars" est LE titre qui résume toute la fragilité de l’être féminin conjugué à la qualité d’écriture masculine. L’introduction planante (voix/piano) est éclipsée au bout de deux minutes pour laisser place à un tapis rouge que s’empresse d’utiliser la six-cordes pour un solo digne du maître Rothery avant que Monique ne reprenne la main pour donner une orientation plus progressive à l’histoire. Avec une partie centrale menée par la basse seule faisant office de pivot, c’est encore la guitare qui assène quelques riffs climatisés par le gosier envoûtant de la belle avant que les trois dernières minutes n’offrent une alternance planante (la voix chaleureuse) et brulante (le quatrième solo final).
Si "Underground Community" fut le point de départ – déjà prometteur - d’Harvest, cet album confirme tout leur talent. Confortablement positionné dans le haut du classement du rock atmosphérique où ils se sont installés, Monique et ses amis d’Harvest peuvent dorénavant poursuivre leur route et s'appuyer sur leurs points forts pour nous proposer d’autres opus de cette qualité. Un grand album, assurément !