Trente années écoulées depuis la parution de l'indémodable Asia donnent le titre, tout sauf original, du nouvel album du "supergroupe" reformé dans sa version originelle en 2008, et de nouveau aux commandes de ce douzième opus studio.
D'originalité, les neuf plages ici présentes en sont totalement dépourvues, et passée la courte introduction acoustique de Tomorrow The World, la machine à tubes se met en route, traçant sa route sans anicroche ou presque. La recette est désormais bien connue : exploitant une capacité incroyable à produire des mélodies de qualité immédiatement mémorisables, la troupe à John Wetton met tout cela en harmonies, tant vocales qu'instrumentales, produisant une pop symphonique de qualité, et délivrée par des instrumentistes au talent peu commun.
Mais, si Steve Howe exploite au mieux les quelques instants laissés à sa discrétion pour planter des banderilles bien senties, l'ensemble a bien du mal à sortir du traditionnel schéma couplet /refrain, ces derniers étant répétés jusqu'à plus soif au risque de rallonger inutilement certaines plages (Tomorrow The World, Face On The Bridge), comme si l'étiquette progressive des musiciens leur pesait sur les épaules au point de vouloir donner à tout prix une durée conséquente à des chansons où tout est dit au bout de trois minutes. Seul No Religion propose un tant soit peu de développements.
Où sont passées les envolées de Carl Palmer présentes sur Omega ? Où sont passés les breaks instrumentaux qui viennent briser la monotonie de titres tous construits à partir d'une même trame et dont l'origine pourrait tout aussi bien être des chutes de studio des trois premiers albums du groupe ? Intemporelle certes mais manquant cruellement d'un soupçon de renouvellement. Pis, le groupe va même empiéter sur les plates-bandes de confrères tout aussi prestigieux, empruntant le piano de Supertramp sur I Know How You Feel ou un refrain tubesque de Coldplay sur la plage suivante (Face On The Bridge).
Tout en produisant des chansons de qualité, notamment le final grandiloquent et superbe de Ghost Of A Chance, Asia nous sert un album très banal, eu égard au pédigrée de ses géniteurs et de son histoire, dont le passé récent (Omega) nous rappelle que ce groupe est vraiment capable de beaucoup mieux, à condition de s'en donner la peine. Au final, XXX ne sera qu'un album de plus dans une riche discographie, plaisant certes, mais sitôt écouté, sitôt oublié.