En seulement trois albums, les américains de IZZ se sont installés tout près des sommets du rock progressif, malgré un manque assez évident de reconnaissance de leur talent, contrairement à d'autres groupes plus "médiatiques" (si tant est que cet adjectif puisse s'appliquer à l'audience confidentielle du rock progressif !). Avec Crush of Night, le groupe mené par les frères Galgano nous propose un quatrième album dans la lignée des précédents, reprenant son ouvrage là où il l'avait laissé à la conclusion de l'excellent The Darkened Room… Quoique …
En effet, You've Got a Time ouvre ce nouvel opus en reprenant certains aspects horripilants du progressif américain : une mélodie peu inspirée, une voix désagréable soutenue par une démonstration technique instrumentale plutôt hors-sujet. Mais dès la deuxième plage, les morceaux proposés prennent une tournure bien plus engageante et passionnante. Rythmiques syncopées et basse ronflante viennent dialoguer avec le duo guitare / claviers, pour des passages instrumentaux qui feront irrémédiablement sautiller et dodeliner de manière saccadée les afficionados d'un prog complexe mais pas trop.
Pourtant, là où ces seules saillies progressives feraient fuir sur la longueur pas mal d'amateurs curieux, Izz entrecoupe ces différents éléments de passages plus consensuels, mélodiques à souhait, empruntant aussi bien au progressif des 70's qu'au néo des années 90/2000, intercalant même une pure ballade conclue par un superbe solo de guitare (Half the Way). Je vois déjà les briquets qui s'allument dans le fond !
Passé cet interlude rafraîchissant, place aux deux plats de résistance de l'album, à savoir deux longues suites de 13 minutes chacune, au cours desquelles Izz dispense tout son savoir-faire, passant en revue toutes les couleurs musicales de l'arc-en-ciel progressif. Le chant féminin d'Anmarie Byrnes est intégré à merveille au milieu de passages instrumentaux tous plus passionnants les uns que les autres, superposant par exemples des rythmiques marillionesques-période-Fish à un riff de guitare saturée, le tout entrecoupé d'interventions vocales mêlées habilement au piano. Dans un registre plus intimiste et paré de relents jazzy, le morceau titre maintient la barre à un niveau très élevé, son écoute ne demandant que moult répétitions pour en intégrer toutes les couleurs et saveurs. La conclusion de l'album avec un titre plus court permet alors un retour sur terre sans dommage.
Dans la droite lignée de son prédécesseur, Crush of Night vient confirmer, si besoin était, tout le talent d'Izz, et nous offre 55 minutes de progressif pur jus, de cette musique qui parle au cerveau et qui vous ballade d'un bout à l'autre du spectre musical. L'apprécier n'est pas donné à tout le monde, mais les connaisseurs se régaleront.