Alors que depuis la quasi-mise en sommeil de Candlemass au milieu des années 90, le bassiste et tête pensante de la formation suédoise, Leif Edling, se faisait discret, on ne compte plus aujourd’hui les sorties auxquelles son nom est attaché. Entre la reformation de son principal port d’attache en 2002, qui semble vouloir rattraper le temps perdu en enfilant opus studio, live, dvd et compilations, et son jardin secret, Krux, le bassiste ne chôme pas. On ne peut que sans réjouir. Surtout quand le lascar prend le temps de pondre une seconde offrande avec ce dernier qui enterre de la tête et des épaules son autre groupe, du moins avec l’option Messiah Marcolin derrière le micro (avec Robert Lowe de Solitude Aeturnus, c’est une autre histoire).
C’est bien simple, Krux II s’impose d’emblée comme le meilleur album de doom façon heavy metal depuis le Sabbath Bloody Sabbath du gang de Tony Iommi (existe-t-il encore quelques puceaux pour l’ignorer ?). Outre le talent de composition de Leif Edling, ici au somment de son inspiration, et la lourdeur tellurique de sa rythmique, Krux possède deux atouts : la puissance vocale de Mats Leven, nettement plus à sa place ici qu’avec Yngwie Malmsteen ou Therion, qui tout du long éclabousse de sa classe l’album, digne héritier de Ronnie James Dio, et ce son de claviers hantés et lugubres qui tissent des atmosphères sinistres (comme sur "Depressive Strokes Of Indigo" et son mellotron seventies) et participent grandement de la pesanteur de compos aux allures d’enclumes.
Méchamment heavy, rampant, vicieux et vicié, presque étouffant, mais illuminé par des soli ravageurs du nouveau venu Fredrick Akesson ("Pirates", "Too Lose To Evil" et "The Big Empty" surtout), mercenaire du riff chez Arch Enemy et maintenant Opeth, Krux II recèle nombres de cartouches propres à faire exploser tous les indicateurs sismiques, de l’imparable "Serpent" au malsain "Devil Sun", aux monstrueux "Sea Of Doom" et "Lex Luciferio", dont les grattes, comme prisonnières d’une nappe de mazout, érigent un mur, mieux, une forteresse dédié au dieu Doom. De toute façon, ces huit titres, lents et suffocants, aux intros démoniaques qui plantent d’emblée le décor, sont tous pourvus d’un quota de plomb infernal. Pas étonnant que ce soit un bassiste qui les ait composés !
A l’écoute d’un tel pavé, un regret se profile cependant : que le groupe ne se limite qu’à un projet, certes pris au sérieux par ses membres, mais side-project quand même. Les deux premiers albums gravés par Krux méritent mieux. A contrario, ces deux joyaux s’avèrent tellement sous-estimés et méconnus, que les rares à les avoir savouré ont l’impression de connaître l’existence d’un trésor ignoré de tous.