S'il serait exagéré de prétendre que l'étonnant split de Hyadningar fut difficile à digérer, le fait est que le groupe, bien que bénéficiant d'une aura somme toute confidentielle, forgait un Black Metal extrêmement personnel dont le noirceur mortifère devait sans doute beaucoup à son chanteur, Marquis, plus connu il est vrai sous son vrai nom de Jonathan Théry et spécialiste es gorges profondes au sein d'Ataraxie et Funeralium. Sans être des pierres angulaires du genre, Imminent Useless Soul (2006) puis The Weak Creation (2009) n'étaient pas sans qualité, bien au contraire.
Comme son titre le suggère, Arising From Chaos marque le retour du guitariste Eurynome et du batteur Turannos (alias Pierre Sénécal d'Ataraxie, toujours), bien décidés à poursuivre dans la voie du Black Metal, après un sabordage survenu trop vite. Ceux qui attendent de Chaos Dei un Hyadningar bis en seront - forcément - pour leur frais, Eurynome, qui s'est emparé du micro, n'étant pas Marquis, ni pour la tessiture de sa voix, ni pour sa qualité. En outre, aux aplats quasi funéraires de mise sur le testament du défunt sont désormais privilégiés une violence plus brute, plus scandinave même.
Et pour tout dire, la pénétration dans ce premier méfait ne se fait tout d'abord pas sans heurts, la faute, comme nous l'avons déjà signalé, à ce chant de gargouille enrouée et à une ouverture sans personnalité ("And Your Steles Will Burn") qui nous font craindre sinon le pire du moins d'avoir affaire à un art noir de base entendu mille fois avant. Pourtant, la magie (noire) va finir par opérer, dès le titre suivant, ce "Deepless" d'une durée de 11 minutes qui démontre que Chaos Dei se montre étonnament (ou pas) plus à son aise lorsqu'il mise tout sur les atmosphères charbonneuses plutôt que sur la brutalité pure dans lesquelles les lignes vocales polluées d'Eurynome se fondent mieux.
Le reste de l'album confirme cette bonne impression, de "Saint Dawn", d'une pesanteur reptilienne au terminal "Raped Goddess", déchiré par des riffs obsédants et qu'écartèlent des cassures mid-tempo entre deux cadences effrennées emmenées par la batterie rapide de Turinnos. Une souffrance désespérée suinte de ce final (auquel succède toutefois l'instrumental éponyme) qui retrouve alors la noirceur crépusculaire d'Hyadningar.
S'il n'innove en rien, Chaos Dei livre avec Arising From Chaos une carte de visite néanmoins prometteuse, moins originale que le groupe des cendres duquel il est né mais bouillonnant d'une ténébreuse négativité.