Tel le Phoenix, Gotthard, après avoir vécu le deuil de son éternel chanteur Steve Lee, renait de ses cendres. Et dieu sait que le pari est osé, car il reste en effet très difficile pour un groupe de poursuivre avec un nouveau chanteur après une telle carrière et un tel succès. Mais voilà, à peine plus d'un an après le décès de Steve Lee, succédant au live hommage "Homegrown : Live In Lugano", "Firebirth" voit Gotthard nous proposer un tout nouveau matériel composé avec son nouveau frontman, le jeune australien Nic Maeder.
Composé majoritairement par le trio Leo Leoni (guitare), Freddy Scherer (guitare) et Maeder, "Firebirth" aurait pour seul défaut (autant annoncer la couleur de suite) de manquer de caractère. Mais il serait mal venu de le reprocher à un groupe qui tente de transformer l'essai en pleine période de trouble. Ainsi, tout au long de ces 13 titres, nous naviguons entre un Heavy cher aux Suisses et un Hard Rock mélodique plus léché rappelant leurs récentes productions.
'Starlight', qui débute tel un bon vieux Blues Rock voit vite ses chœurs l'orienter vers un univers plus joyeux. Joyeux mais un peu facile pour lancer un album. Heureusement, les choses s'améliorent avec un 'Give Me Real', plus convainquant et habité. Evoluant dans un registre assez proche de celui de Steve sans jamais chercher à l'emprunter, Nic Maeder possède toute la gouaille et le feeling nécessaire pour tenir la poste, l'expérience en moins il va de soi. Emouvant dès la première ballade, 'Remember It's Me', son grain très personnel et parfois à la limite de la fêlure porte un superbe refrain soutenu par un groupe en place et carré comme à son habitude. La petite faiblesse du titre d'ouverture est déjà pardonnée.
Par la suite, comment résister au guilleret et bien nommé 'Yippie Aye Yay' taillé pour le live (ça c'est du Rock comme nous aimons en entendre chez Gotthard !), au up-tempo 'I Can', très lumineux, et à 'Right On' et son irrésistible et grasse talk-box ou, dans un registre plus sombre, un 'S.O.S' emprunt d'une certaine gravité. 'Fight', tout en grosse rythmique groovy (et ce solo de guitare!) restera également dans le trio de tête. D'ailleurs, même si la paire Leoni/Sherer se lâche et brille sur de nombreux titres, c'est vraiment la rythmique qui sort grande gagnante de cet album portant, par exemple, presque à elle seule le lourd 'The Story Is Over' démarrant à la guitare telle une horloge comptant, imperturbable, les derniers instants d'une tragique histoire. Tout juste pourrons-nous reprocher, malgré un bon équilibrage des titres, une ballade en trop parmi le lot de cinq. L'acoustique 'Tell Me' peut être, car 'Shine' et sa rythmique plus légère fédérera bien plus. En tout cas, impossible de toucher à l'acoustique 'Where Are You', un final en guise d'hommage direct à Steve Lee, fort en émotion.
Espérons simplement que l'unité du groupe se faisant, Gotthard retrouve par la suite un peu plus de mordant après ce redémarrage tout en nuance, mais bien agréable tout de même. Et au final n'est-ce pas cela le plus important ?