Serj Tankian nous livre "Harakiri", son troisième album solo, après un excellent "Elect The Dead" et un "Imperfect Harmonies" dont les expérimentations musicales avaient plus ou moins mitigé son audience. Comme il nous l'avait confié au micro de Music Waves, c'est également l'album qu'il a composé le plus rapidement - en même temps que ses 3 autres projets en cours - l'actualité sociale mondiale n'ayant pas failli à son rôle de muse inépuisable.
'Cornucopia' ouvre parfaitement cet album en donnant le ton punk rock de l'album. La production est propre et le son est plus lourd que sur les précédents. Les membres des FCC qui accompagnent Tankian sont de bons musiciens qui se reconnaissent en ce style musical et s'y adonnent sans demi mesure. On retrouve également la touche mémorable de Tankian dès les premiers riffs : les chansons suivent la construction qu'on lui connait avec ses changements de gamme surprenants (intro-couplet par exemple), des ponts plus planant et des passages électro plus expérimentaux avec une voix parfois très aiguë, parfois chuchotée.
Suit 'Figure It Out', premier single de l'album sorti quelques semaines auparavant. Titre fortement politisé. Comme à son habitude, Serj y martèle la responsabilité des dirigeants d'entreprise qui, en abusant de leurs passe-droits, ont provoqué la situation économique que l'on connait aujourd'hui. Le refrain se veut conquérant, chantant et dansant. On imagine parfaitement ce refrain scandé par une foule de manifestants, que rien n'arrête, partis renverser le pouvoir. 'Ching Chime' mélange sonorités orientales - grâce au Oud d'un certain Antranig Kzirian, de Viza - et rock alternatif, rappelant son premier projet d'après System : Serart. Le titre éponyme de l'album est un hymne construit comme 'Borders Are' dont les similitudes sont surprenantes.
Au milieu de l'album, les chansons s'adoucissent progressivement avec notamment 'Occupied Tears', suivi de l'expérimental 'Deafening Silence' au couplet fait au beatbox et ses samples electro sur lequel Tankian chante une balade, pour terminer en nu metal de la fin de la période System (il y manque seulement la voix de Daron). Côté paroles, que dire à part que c'est clairement du Tankian ? On peut regretter qu'il reste dans la caricature manichéenne du système, préférant évoquer schématiquement les problèmes de société que de les détailler. C'est bien écrit, mais l'ensemble pourra sembler répétitif.
Harakiri est donc plus une continuité d' "Elect The Dead" que d' "Imperfectif Harmonies". Cet opus marque en effet par son punk/rock qui s'est durci et plus affirmé et à un tempo plus soutenu et plus agressif avec des titres comme 'Cornucopia', 'Figure It Out', 'Uneducated Democracy' ou encore 'Weave On'. Moins expérimental, il est également moins surprenant. Les fans seront ravis, les nostalgiques de l'ère System un peu moins.