Que fait un keyboard-hero quand il ne joue pas de clavier ? Il joue de la guitare ! C’est ainsi que l’on peut résumer la genèse d’Eleven Mysteries. Pour ceux qui ne connaitraient pas Daniele Liverani, sachez qu’il sort depuis quelques années des albums sous divers noms et de manière très régulière. Depuis Empty Tremor l’italien a multiplié les apparitions en tant que claviériste. Bien qu’il débuta très tôt la musique par le piano il revient à ses premières amours puisque c’est à la guitare qu’il a fait ses premiers enregistrements. Eleven Mysteries est seulement le deuxième véritable album solo de guitariste de l’italien, après cinq démos sorties au début des années 90.
Daniele Liverani est un peu le Tony Macalpine italien, avec des talents de batteur en plus ! Cette comparaison est particulièrement éclairante dès le titre d’ouverture, "Mysterious Impluse" qui verse dans le néoclassique le plus indigeste. Les occasions d’enregistrer de la guitare sont-elles tellement rares que le musicien veut en montrer le plus possible, au détriment des règles de base de la mélodie ? C’est un peu le reproche principal de cet album.
En tant que claviériste, Daniele a été soucieux des ambiances qui surplombent les interventions de la six-cordes. Celles-ci sont riches ("All Is Pure" qui a un petit côté Ron Thal) et omniprésentes, tout comme la double pédale de Paco Barilla qui se permet même son petit solo sur "Nervous Forces". En tant que guitariste Daniele a toute la panoplie pour écœurer n’importe quel apprenti shred. Sauf que la mélodie revient en force de nos jours, et le temps des asticoteurs de manche de l’école Varney éveille des souvenirs émus mais ne fait plus rêver. Sans aller jusqu’à nier à l’album son aspect mélodique ("Regeneration" en fait montre clairement) on se doit de reconnaitre que l’émotion que l’on attend en réaction d’une ligne mélodique reste timide. La sensibilité et le toucher de Daniele Liverani ne sont jamais éclatants sur aucun des onze titres de l’album.
L’émotion, le toucher, la sensibilité et la créativité sont les grands absents d’Eleven Mysteries. Un album qui aurait fait un tabac quinze ans en arrière mais qui agace et ennuie aujourd’hui. Daniele s’est probablement fait très plaisir en composant cet album mais en ces temps de baisse des ventes de disque, oser le pari de sortir un disque tellement en décalage avec son époque parait très risqué...