Matthieu Rachmajda doit sa place dans ces colonnes à son amour de la guitare et l’émergence d’internet. Il y a 6 ans maintenant, Mattrach (son nom d’artiste) a eu la clairvoyance de profiter de la diffusion ultra rapide et facile qu’offre le web puisque c’est par le visionnage de ses reprises que Mattrach s’est fait un nom. Le guitariste propose sa musique toujours via le net et c’est son quatrième album, Redemption, qui nous intéresse aujourd’hui.
Redemption c’est un condensé de guitare taillé dans le rock. A l’image de la pochette qui préfigure de l’énergie instantanée du jeu autant que de la sobriété, les huit titres (pour 35 minutes en tout) ne font pas dans le superflu et on ne peut que remercier le nordiste de ne pas être tombé dans l’excès.
Les quatre premiers titres sont carrés, entre rythmique grunge épaisse ("Redemption") et mélodies à la Satch ("Keep Rockin’"), il n’y a guère que la batterie programmée qui soit critiquable. Les quatre autres titres sont moins marquants avec un blues-funk un peu fou ("Slap your Mother"), un "Save Me" expérimental aux notes de piano intrigantes et une ballade timide ("Heaven World"). La qualité mélodique déployée à l’occasion du début du disque fait défaut par la suite mais Mattrach a eu la bonne idée de diversifier les rythmes et les tempi.
Redemption est un disque honnête et bien produit (quand on sait que le guitariste a tout fait lui-même) qui ne tombe pas dans l’ornière des albums instrumentaux. Alors que nombre de virtuoses se perdent en voulant innover à tout prix, masquant en partie un manque de créativité, Mattrach opte pour la simplicité et le classicisme. Pas de grandes promesses ni de grands défis, Mattrach joue des belles mélodies affichant une sensibilité authentique et touchante qui fait plaisir à entendre.