Modeste mais néanmoins professionnelle autoproduction, Candlelight nous avait déjà alerté quant au potentiel de Wedingoth, jeune formation française évoluant dans un registre à mi chemin entre arabesques progressives et tapisseries gothico-mélodiques. Nous terminions alors la chronique en souhaitant qu’un label lui donne sa chance. Deux ans plus tard, c’est chose faite puisque The Other Side peut, contrairement à son prédécesseur, compter sur la promotion toujours active déroulée par M&O pour espérer imposer sinon faire circuler le nom de ses auteurs qui le méritent bien.
Les moyens (un peu) et la maturité (surtout) aidant, le collectif lyonnais a fortement progressé depuis son galop d’essai. Aux nombreux atouts que moule son bustier, à savoir une écriture souvent inspirée, une interprétation sans vraies failles et le chant aérien, touchant, de Laure Flores, véritable clé de voûte d’un édifice qu’elle auréole d’un charme voilé par une mélancolie diaphane, viennent désormais s’additioner des arrangements moins maigrelets quand bien même une prise de son qui manque encore un peu d’envergure et de souffle n’honore pas tout à fait cet effort.
Au rayon des bémols, citons enfin un menu qui n’évite pas toujours les longueurs. Le metal progressif auquel Wedingoth peut prétendre se rattacher est certes coutumier de ce type de marathon dépassant l’heure de musique, mais cela réclame un talent qu’en toute franchise, le groupe ne possède pas encore tout à fait. Ce n’est pas si grave. Reste que The Other Side pèche presque par excès d’ambition.
De fait, après une première partie des plus réjouissante, car animée par un retable éponyme se déployant sur quatre pistes où le chant de Laure est mis au service de très bonnes idées de compositions, l’œuvre s’essoufle un brin en fin de parcours jusqu’à "Meditation" aux couleurs orientales certes délicatemment distillées. Bien qu’on ne saurait contester leur qualité, il manque pourtant à ces titres cette étincelle de folie, ce petit quelque chose d’indéfinissable, qui leur permettraient de décoller davantage. Le long "Ever After" ou le plus métallique "Mistreated" (qui n’est pas une reprise de Deep Purple, malheureusement peut-être…) illustrent malgré eux cet écueil qui freine encore une fois leurs géniteurs pour franchir un cap et ce, en dépit des nets progrès réalisés autant en terme de jeu que de son.
Mais, le capital sympathie intact, Wedingoth est sur la bonne voie et on leur saura toujours gré de pas simplement se contenter de grossir les rangs toujours plus nombreux des groupes de Gothic Metal à chanteuse, mouvement au bord de l’anémie, en lui préférant une lecture moins facile et plus ambitieuse.