C'est 8 mois après un premier album éponyme que parait "Look Into The Future", deuxième opus de Journey. Dans ce court intervalle, et alors qu'il a co-composé deux titres, le guitariste George Tickner a quitté le bateau, laissant Neal Schon seul pour s'occuper des parties de guitare. Ce deuxième disque est une suite assez logique de "Journey". Le groupe délaisse un peu les expérimentations jazzy mais garde ce son entre progressif et Hard-Rock à la Deep Purple.
Car même s’ils avaient proposé un bon disque, les résultats commerciaux étaient assez faibles et le but est bien ici de proposer une musique plus accessible, même si la patte de Tickner, souvent le compositeur des passages plus aventureux, reste encore présente. Et le résultat est encore de qualité, car même si l'effet de surprise est passé et qu’il y a moins de titres marquants, le tout est très homogène. L'aspect vintage ajouté à la qualité musicale des membres du groupe, Schon confirme qu'il est un guitariste de tout premier plan, font de l'écoute de ce disque un vrai bon moment de rock à l'ancienne.
Pour confirme cet état de fait, Journey reprend "It's All Too Much" des Beatles, extrait de "Yellow Submarine", et qui contribue à donner au disque cette couleur rétro qui fait son charme. Hormis cette reprise sympathique, nous trouvons des chansons qui gardent certes une couleur d'époque, mais préfigurent déjà ce que sera la suite du groupe avec des refrains directs et des mélodies efficaces et facilement mémorisables. Ainsi, "On A Saturday Night", "She Makes Me (Feel Alright)" ou "Midnight Dreamer" ne manquent pas d'attraits et confirment un réel talent d'écriture.
Mais il y a encore surtout ces chansons douces, mélancoliques et assez atmosphériques qui font briller vocalement Gregg Rolie. Ainsi, "You're On My Own", "Anyway" et "Look Into The Future" se présentent comme les grands moments de l'album. La dernière en particulier, du haut de ses 8 minutes, une durée rare pour Journey, est un modèle du genre, passant du progressif au Hard-Rock avec aisance et mettant en valeur Schon qui balance riffs et solo de grande qualité. Enfin, avec "I'm Gonna Leave You", le groupe retrouve des passages plus expérimentaux, assez jazzy, des guitares rappelant Hendrix et un ton résolument progressif sur ce titre à tiroirs de plus de 7 minutes. Nous regretterons juste qu'il n'y ait plus d'instrumentaux comme sur "Journey", tant ces derniers avaient illuminé l'album d'une rare classe.
"Look Into The Future" est malgré tout une confirmation efficace du talent de la bande de Neal Schon. Il est même devenu évident que Journey possède un potentiel commercial énorme. Sa facilité à composer des mélodies accrocheuses en atteste et on sent qu'il ne manque qu'un petit déclic pour le groupe explose à une très large échelle. En attendant, on appréciera à sa valeur cet autre disque méconnu tout aussi attachant que son prédécesseur.