Alors qu'il semblerait que le groupe soit désormais dissous, les chiliens de La Desooorden publient un cinquième et donc ultime album, sous la forme d'un concept narrant les aventures et réflexions d'un marcheur à travers le continent sud-américain.
Comme lors de leurs précédentes productions, la musique ici présente est un véritable patchwork, mélangeant des sonorités jazzy portées par les saxophones et autres cuivres, posées sur une véritable musique rock à la couleur hautement progressive. La section rythmique et notamment la basse de Francisco Martin s'en donne d'ailleurs à cœur joie pour ravir tous les fans de rythmiques complexes et de lignes de basse chantantes (Ayahuasca par exemple).
Et puis, pour bien rappeler à l'auditeur qu'il se trouve transporté sur un autre continent, La Desooorden réussit le challenge d'incorporer des musiques clairement traditionnelles au sein de titres typiquement progressif, collant ainsi aux pérégrinations de leur "héros". C'est ainsi que le tango, la salsa (Llegando A Los Llanos) et même la samba (Escape De La Favela) se retrouvent à l'honneur, mixés au sein de morceaux auxquels le chant en espagnol donne définitivement une couleur plus que locale. Et ce n'est pas l'utilisation du Didgeridoo, instrument typique de l'hémisphère sud, qui viendra contredire cette tendance.
Mais ce qui retient surtout l'attention, ce sont les changements de mélodies et de rythmes ainsi que les sonorités qui alternent, venant directement parler aux neurones réjouis de l'amateur de rock progressif, et ce malgré des durées de titres plutôt courtes. Et même si le chant s'avère parfois un peu limite, l'ensemble reste cohérent et d'une grande tenue.
Album testament, El Andarin ne fera qu'aviver les regrets liés à l'annonce de l'arrêt de La Desooorden, tant cette galette nous démontre plage après plage que le groupe en avait encore sous la pédale. Du progressif intelligent et multiple comme celui-là, on en redemande… Peut-être sous une autre étiquette à l'avenir ?