Au sein de la vague du Hard-Rock français qui déferla dans les années 1983 à 1896, il convient de ne pas oublier DEMON EYES, et ce, même si le style du groupe des frères Masson (Philippe au chant et Thierry à la guitare) est plus à rapprocher de celui de la NWOBHM que de celui de la scène française de l’époque. On peut d’ailleurs noter que, si le chant est dans la langue de Molière, curieusement les titres des morceaux sont proposés dans une version traduite en anglais sur ce disque.
Si, contrairement à bon nombre de ses confrères français, l’originalité n’est pas réellement au rendez-vous, il faut reconnaître que les morceaux présentés dans ce premier album font très bonne figure. L’équilibre entre mélodie et hargne est plutôt bien agencé, et ce, même si l’expression de cette dernière est en partie à mettre à l’actif d’un son de guitare un peu grossier, résultat d’un mixage qui ne brille ni par sa clarté ni par sa puissance. Le chant, pourtant plus qu’honorable, est également un peu desservi par cette production peu avantageuse. Mais au delà de ce style très académique et d’une production que l’on qualifiera gentiment de perfectible, il faut reconnaître que les compositions tiennent bien la route et que le groupe fait montre d’une passion très palpable.
A l’image de "Les Deux Maudites", précédé en concert par une bande son très suggestive, du syncopé "La Revanche Des Dieux", ou bien des énergiques "Hymne Au Seigneur De l'Orage" et "Demon Eyes", les 7 chansons (plus un instrumental) proposées ici, possèdent toutes une structure et des lignes mélodiques totalement en phase avec les standards de qualité de l’époque. Et nul doute que, si le groupe avait disposé à l’époque d’une meilleure production, cet album aurait marqué son époque de manière bien plus forte et que sa carrière aurait pu être différente, ce d’autant plus que le groupe saura, dès son album suivant, évoluer vers un style un peu moins orthodoxe et un peu plus moderne. Mais handicapé par les deux défauts cités précédemment, ce "Rites Of Chaos" à de nos jours du mal à dépasser le stade du plaisir nostalgique, du souvenir agréable. En somme, un bain de jouvence qui peinera à trouver un public au-delà des fans de l’époque.
Pour l’anecdote, on peut noter que c’est Jean-Philippe Dumont (dit Bob Snake), le batteur de Sortilege, qui tient les baguettes, DEMON EYES étant alors sans batteur suite à la défection de Patrick Baudin. Enfin, le disque a été réédité par Brennus en 2000 dans une très belle édition bénéficiant d'un bien meilleur son et de 7 titres bonus.