Pour son deuxième album, le désormais trio Elf Project reprend les ingrédients éprouvés dans "Mirage" en 2009 et affirme son intention de faire renaitre un mélange d'influences rock qui eurent leur heure de gloire à la fin des 60's et au début des 70's, à savoir le glam, le psyché et autres déviances soft-rock. Sans doute pour embrouiller un peu plus les cartes, sur ce "The Great Divide", le groupe a également incorporé des influences 80's.
Toutes les pistes sont courtes, très courtes même si on se base sur des standards du rock progressif, puisque pas une n'atteint les cinq minutes. Avec un tel format, pas de développement de thème, pas de long soli, mais un concentré de riffs. Si dans les sonorités et la voix un morceau comme "Love For Sale" fait penser à Rush, c'est des réminiscences d'Eloy que l'on peut percevoir dans le suivant, "Illusion". Oscillant entre un rock parfois pêchu et des passages plus 'glam' ("Any Other Day" où, avec un peu d'imagination, on entend presque Marc Bolan), l'ensemble de l'album est comme un patchwork de tout ce que le rock a connu comme variations durant trois décennies.
Là où le trio fait vraiment très fort, c'est quand il attaque un titre dans un style pour évoluer vers un autre, avec entre temps quelques digressions 'rock'n rollienne', et tout ça en moins de 4'30 ! Au jeu des noms évoqués par un riff, un accent de la voix ou une phrase musicale, outre les trois précédemment cités, ajoutons sans vergogne : Bad Co, Alan Parson Project, The Hollies, David Bowie et, pourquoi pas, un rien des Doors. Toutes ces impressions de déjà entendu ne sont heureusement que très fugaces et chacun trouvera de nouvelles références au fil des écoutes successives en fonction de son propre vécu.
Au moment de noter cette deuxième galette d'Elf Project, il faut choisir qui de l'originalité, du plaisir d'écoute, de la nostalgie, de la qualité technique, a le plus d'importance ... Comme le classement de ces critères est affaire de goût et que les goûts ne se discutent pas, je vous conseille d'écouter cet objet inclassable qui, contre toute attente, risque de plaire à des amateurs de styles musicaux très variés.