Les Etats-Unis ne sont plus la patrie de l'AOR, pourtant à l'origine du phénomène au milieu des années 70. De temps à autre, les labels européens dénichent un artiste, souvent un artisan passionné et isolé, qui tente de ranimer la flamme. Dans le genre, on a eu Danny Danzi, voici maintenant Paul Bonrud.
Si la pochette de ce premier album rend lourdement hommage à Journey, ses compos sympathiques sonnent comme la rencontre entre Boston et Foreigner, en un peu plus énergique. "Date with destiny" sonne un peu Ten, c'est la face légèrement agressive de Bonrud. Rien de très moderne, et surtout, aucune prise de risque, aucune tentative de secouer les habitudes.
L'interprétation est juste, notamment grâce à un chanteur irréprochable. Bien souvent, il imite Lou Gramm à la perfection. C'est stupéfiant sur un titre comme "once in a lifetime".
Pourtant ces chansons restent sans beaucoup de relief, et surtout, Bonrud arrive rarement à s'affranchir de ses influences. Même les ballades comme "desperate heart" ou "hollywood movie star" manquent de corps. Et il suffit de lire la liste des titres pour comprendre que Paul Bonrud n'a pas cherché la finesse dans ses textes : "take me home", "give me a chance" ou "leave your dreams". On est dans le cliché jusqu'aux oreilles.
Le leader du groupe possède un bon savoir-faire et un minimum de dextérité guitaristique. Son travail est respectable. Mais quand on voit ce dont sont capables TNT ou Casanova sur leurs derniers albums... Pour les amateurs de tradition, il faut bien reconnaître par contre que cet opus sera un must.